Les États-Unis font partie des pays industrialisés qui émettent le plus de gaz à effet de serre. Les États-Unis font partie des pays industrialisés qui émettent le plus de gaz à effet de serre : AP

Par Yahya Habil

Dans le sillage du Sommet africain sur le climat qui s'est tenu à Nairobi, au Kenya, et de la COP28 qui approche à Dubaï, le sujet du changement climatique dans le monde et en Afrique a refait surface, et nombreux sont ceux qui ont apporté des éclaircissements sur cette question urgente.

Le premier sommet africain sur le climat a montré que les Africains sont conscients de l'importance de parler d'une seule voix et de défendre leur position afin que les besoins et les demandes du continent ne soient plus négligés sur la scène mondiale.

Dans sa quête d'une plus grande justice pour l'Afrique, le sommet s'est conclu par un appel aux dirigeants mondiaux à se rallier à une taxe mondiale sur le carbone applicable aux combustibles fossiles, à l'aviation et au transport maritime.

Un appel a également été lancé pour réformer le système financier mondial qui oblige les pays africains à payer plus cher pour emprunter de l'argent.

En fait, selon les chercheurs du projet Our World in Data et du Energy for Growth Hub, l'Afrique ne représente qu'environ 2,73 % des émissions mondiales depuis l'aube de l'industrialisation.

Dans la Corne de l'Afrique, les pluies ne sont pas tombées depuis plus de quatre saisons, et 23 millions de personnes souffrent de la faim en Éthiopie, au Kenya et en Somalie.

En outre, le lac Tchad, source de subsistance pour des millions de personnes dans plusieurs pays tels que le Tchad, le Niger, le Nigeria et le Cameroun, s'est réduit à un dixième de sa taille au cours des dernières décennies.

Les inondations qui ont frappé la Libye le 11 septembre sont considérées comme une indication de l'impact du changement climatique. Inondations en Libye AFP

Ce ne sont là que deux exemples parmi tant d'autres de l'impact sévère du climat sur le continent.

Le Nord doit fournir à l'Afrique des fonds suffisants pour lutter contre le changement climatique, car le Nord, par ses émissions élevées et sa colonisation, est en grande partie responsable du changement climatique et du sous-développement de l'Afrique.

Débloquer 500 milliards de dollars

Un rapport publié l'année dernière par l'organisation à but non lucratif Climate Policy Initiative a révélé que l'Afrique n'avait reçu que 12 % des fonds dont elle avait besoin pour faire face aux conséquences du changement climatique.

Cette injustice manifeste est précisément la raison pour laquelle l'Afrique a décidé d'organiser un sommet sur le climat et devrait se présenter à la COP28 d'une seule voix et sur un ton plus exigeant.

La COP28 est certainement l'occasion pour l'Afrique d'exprimer ses demandes et de mettre en évidence ses vulnérabilités face au changement climatique.

Kevin Kariuki, vice-président de la Banque africaine de développement, a déclaré à l'agence de presse Reuters que les États africains feraient pression lors du sommet des Nations unies sur le climat de la COP28 pour obtenir l'élargissement des droits de tirage spéciaux au Fonds monétaire international, ce qui permettrait de débloquer 500 milliards de dollars de financement pour le climat, avec un effet de levier pouvant aller jusqu'à cinq fois.

L'Afrique espère recevoir suffisamment de financement pour pouvoir lutter contre le changement climatique grâce à l'utilisation d'énergies propres et renouvelables.

Le premier sommet africain sur le climat s'est tenu au Kenya en septembre : Reuters

Le manque de financement a contraint les pays africains à continuer de compter sur les énergies non renouvelables pour fournir de l'électricité à leurs citoyens. Pourtant, environ 43 % de la population du continent n'a pas accès à l'électricité.

L'impasse dans laquelle se trouve l'Afrique en matière de lutte contre le changement climatique se situe entre l'utilisation de combustibles fossiles et le refus d'accorder aux citoyens africains le droit fondamental d'accéder à l'électricité.

La population africaine devrait doubler d'ici à 2050, ce qui rend la question encore plus urgente.

En d'autres termes, la seule option qui s'offre au monde est de faire en sorte que le financement de la lutte de l'Afrique contre le changement climatique devienne une priorité absolue.

Cela signifie qu'il faut donner aux pays africains suffisamment d'argent pour améliorer l'approvisionnement en électricité grâce aux sources d'énergie renouvelables.

L'injustice pourrait se retourner contre nous

Toutefois, comme cela n'est pas garanti, les pays africains ont déjà décidé de prendre l'initiative et de trouver d'autres moyens de financer leurs efforts de lutte contre le changement climatique. C'est ainsi que plusieurs pays africains échangent des crédits de carbone.

Les activistes affirment que l'Afrique est injustement touchée par le changement climatique car elle produit peu de gaz à effet de serre. TRT Afrika

Le Kenya, qui accueille le sommet africain sur le climat, représente un quart des crédits carbone échangés en Afrique et espère être un modèle pour la nouvelle ambition du continent d'attirer les investissements. En juin, le pays a accueilli une vente aux enchères au cours de laquelle des entreprises saoudiennes ont acheté plus de 2,2 millions de tonnes de crédits carbone.

Par conséquent, la priorité de l'Afrique lors de la prochaine COP28 devrait être d'obtenir les fonds nécessaires pour soutenir les énergies renouvelables.

Malheureusement, il est peu probable que l'injustice financière à l'égard de l'Afrique prenne fin avec la COP28.

Néanmoins, il est important de comprendre que l'injustice à l'égard de l'Afrique pourrait se retourner contre elle et affecter non seulement le continent mais le monde entier.

L'auteur, Yahya Habil, est un journaliste libyen indépendant spécialisé dans les affaires africaines. Il travaille actuellement avec un groupe de réflexion au Moyen-Orient.

Clause de non-responsabilité : les points de vue exprimés par l'auteur ne reflètent pas nécessairement les opinions, les points de vue et les politiques éditoriales de TRT Afrika.

TRT Afrika