Par Anne Nzouankeu
Assis autour d’une table, Idriss et ses camarades lisent des livres et discutent entre eux. Certains sont en train d’étudier, d’autres lisent juste pour se détendre. Ils sont tous des joueurs de rugby affiliés à un centre de formation sportif appelé Eau Claire Serge Betsen Academie.
Le centre a été créé en 2004, mais au cours des premières années, il a choisi d'aider les enfants, sans faire allusion au rugby. En fait, au Cameroun, le football est le sport roi. Presque tous les enfants ne rêvent que de jouer au football. Alors les promoteurs qui veulent attirer les jeunes dans d’autres disciplines, doivent faire preuve d’imagination.
"Quand le centre é été créé à l’époque, on ne parlait pas encore de rugby, on ne parlait que d’éducation. On nous a enseigné la culture Mendjumba, qui est connue dans la langue Bangangté. Ils nous payaient aussi les études. Ils nous ont parrainé du primaire jusqu’au secondaire", explique Idriss Ketcha à TRT Afrika.
Le centre Eau Claire a été créé par Serge Betsen, un rugbyman français d’origine camerounaise et est équipé de salles d’études, de salles d’informatique, d’une bibliothèque et d’une infirmerie. Deux fois par semaine, le centre, situé dans la ville de Bangangté, dans l’ouest du Cameroun, organise des séances de remise à niveau scolaire et d’initiation à l’utilisation de l’ordinateur.
Toutefois, la bibliothèque reste ouverte toute la semaine pour ceux qui voudraient lire ou faire des recherches. Avec le temps, le rugbyman a créé trois centres de ce type, dans différentes villes du pays, des centres qui encadrent plus de 300 jeunes chaque année.
"Nous leur apprenons à faire du sport et en même temps à aller à l’école. L’école seule ne suffit pas, le sport seul ne suffit pas non plus. C’est pourquoi le centre a été créé pour leur apporter le soutien scolaire, les cours de remise à niveau, le soutien sanitaire, payer les frais de scolarité aux plus nécessiteux, tout en leur apprenant à jouer au rugby. Le rugby a des valeurs intègres c’est-à-dire qu’on enseigne aux enfants la solidarité, la politesse, l’entraide, l’honnêteté : ça fait partie de l’éducation", explique à TRT Afrika, Djibril Ngassam, le coordonnateur général du centre Eau Claire de Bangangté.
Sonia Sama, âgée de 22 ans, n’avait jamais entendu parler du rugby. Elle est arrivée au centre parce que ses parents n’avaient ni les moyens de payer ses frais d’études, ni de lui payer un professeur particulier pour l’aider à réviser ses leçons à la maison. Elle s’est mise au rugby et a pu bénéficier d’un soutien scolaire.
"Le centre Eau Claire m’aide beaucoup. Par exemple on a un cours d’informatique avec une dame qui nous aide dans nos difficultés. Nous avons une dame d’anglais : elle nous aide pour les devoirs. Nous avons aussi le wifi gratuit pour nos recherches. Nous avons aussi un enseignant de mathématiques, un enseignant pour toutes les matières scientifiques et littéraires", explique la jeune fille.
La plupart des pensionnaires de ce centre admettent que sans ce complexe sportif et son sponsoring, ils n’auraient pas pu poursuivre leurs études, ils ne seraient pas non plus pu pratiquer du rugby.
Sonia, comme les autres, ont appris à aimer le rugby et rêvent de faire carrière dans ce sport. Plusieurs pensionnaires du centre sont mêmes, aujourd’hui, membres de l’équipe nationale de rugby du Cameroun, y compris Idriss Ketcha qui est entraineur adjoint de l’équipe du Cameroun.