Les préparatifs en vue du scrutin sur la Grande Île de l'océan Indien se déroulent depuis plusieurs semaines dans un climat qui ne cesse de se détériorer.
Onze candidats et opposants, dont l'ex-président Marc Ravalomanana, avaient appelé à se rassembler en début de matinée sur la place du 13 Mai, théâtre de toutes les contestations politiques de Madagascar, "pour faire entendre nos voix".
Plusieurs de ces candidats avançaient en tête de cortège peu avant 09H00 GMT lorsque les forces de l'ordre ont tiré des gaz lacrymogènes pour les disperser à environ 300 mètres de la place du 13 Mai.
L'ex-président Ravalomanana a été escorté par ses gardes du corps à l'écart des gaz lacrymogènes, dans la cour d'un immeuble, a constaté une journaliste de l'AFP.
Le rassemblement de l'opposition n'avait pas été autorisé par les autorités. Plusieurs centaines de policiers avaient bouclé la place depuis le début de la matinée.
Dimanche soir, dans une allocution télévisée, le président sortant Andry Rajoelina avait dénoncé une crise politique "créée de toutes pièces".
Treize candidats sont en lice pour les prochaines élections, dont le président sortant, 49 ans, qui avait accédé au pouvoir en 2009 à la faveur d'une mutinerie qui avait chassé Marc Ravalomanana.
Interdit de se présenter par la communauté internationale en 2013, Andry Rajoelina avait été élu en 2018.
Le mois dernier, dix candidats de l'opposition ont dénoncé "un coup d'Etat institutionnel" orchestré selon eux par M. Rajoelina, après une série de décisions de justice qui favoriseraient selon eux le président sortant en vue de l'élection.
"Fomenter des troubles"
Le 9 septembre, conformément à la Constitution en période électorale, M. Rajoelina a cessé d'exercer le pouvoir. L'intérim devait normalement être assuré par le président du Sénat, mais celui-ci a refusé, invoquant des "raisons personnelles".
La haute cour constitutionnelle a nommé un "gouvernement collégial" dirigé par le Premier ministre Christian Ntsay, un proche du chef de l'Etat. Une décision prise, selon elle, pour éviter une vacance du pouvoir exécutif.
Le même jour, la plus haute juridiction du pays a rejeté trois recours déposés par des partis d'opposition réclamant l'invalidation de la candidature d'Andry Rajoelina "pour défaut de nationalité malgache". Fin juin, des informations divulguées dans la presse ont dévoilé que le président avait été naturalisé français en catimini en 2014, déclenchant une polémique dans le pays.
Dimanche soir, M. Rajoelina a contre-attaqué, réaffirmant sa volonté de voir le scrutin se dérouler aux dates prévues.
"Certains candidats ne sont pas prêts. Ils demandent une transition", a déclaré M. Rajoelina dans son allocution diffusée sur plusieurs chaînes.
"Il n'y a pas de crise à Madagascar. C'est une crise créée de toutes pièces. Si les candidats aimaient la patrie, ils n'agiraient pas ainsi à l'approche de l'élection. Ce n'est pas 10 ou 11 personnes qui vont empêcher la population d'exercer son droit" de vote, a-t-il ajouté.
Il avait également mis en garde contre "des personnes qui veulent fomenter des troubles dans le pays (...) des personnes qui veulent incendier des infrastructures, dont l'Hôtel de ville".
L'Union européenne et les Etats-Unis ont déclaré suivre avec "la plus grande vigilance" la préparation de la présidentielle.
Un second tour de l'élection présidentielle est prévu le 20 décembre si aucun candidat ne recueille plus de 50% des voix au premier tour.