Par Awa Cheikh FAYE
Le Ngalakh , est un mets traditionnel préparé dans toutes les familles chrétiennes sénégalaises à la fin du carême et distribué à tous les voisins, amis, connaissances et collègues musulmans.
Qu’est-ce que le Ngalakh?
Il s’agit d’un dessert qui se prépare à partir de pâte d’arachide, de pain de singe (fruit du baobab) et de semoule de mil transformée en couscous à gros grains.
Après cuisson de la semoule, il faut mélanger la pâte d’arachide avec de l’eau, puis y incorporer le pain de singe. Il faut ensuite malaxer le mélange, le filtrer puis le sucrer et y ajouter la semoule de mil. Certains y ajoutent des fruits secs ou pas, du chocolat etc, tandis que d’autres le préfèrent "nature".
Marie De Souza est déjà en train de préparer la distribution de cette année. “Pour certains ça nous fait plaisir de leur donner du ngalax. Le partage fait partie de l’esprit de pâques et de nos valeurs. “
“Pour d’autres cependant, nous leur en donnons car il y a une énorme pression sociale. C’est la tradition, on est obligé de le faire même si ça revient cher” poursuit-elle. Vu la quantité de Ngalax que les familles doivent distribuer en ce Vendredi Saint, beaucoup commencent la préparation la veille alors que d’autres renoncent à aller au Chemin de Croix, explique Marie De Souza.
Une tradition pour toute les fêtes religieuses
Au Sénégal il est courant de voir les membres d’une même famille être de confession religieuse différente comme le rappelle Maimouna Diakhaté.
“Les musulmans du Sénégal se sentent très impliqués dans l'organisation de la fête du Ngalax, ce qui est tout à fait normal car dans la majorité des familles sénégalaises vous trouverez des parents chrétiens et musulmans. Ici il est très commun de retrouver dans une même famille des personnes ne partageant pas forcément les mêmes religions” dit-elle à TRT Afrika.
Nombreux sont celles et ceux qui célèbrent la fête chez des amis ou d’autres membres de la famille après avoir échangé moults piques et plaisanteries sur les fêtes religieuses des deux confessions sur les réseaux sociaux.
“Depuis deux ans, le cousinage à plaisanterie entre les chrétiens et les musulmans a été accentué par les mobilisations des jeunes sur les réseaux sociaux. Ils partagent des vidéos et des photos de banquet pour se moquer des jeûneurs et aucune confession n’y échappe” raconte Maimouna Diakhaté.
Elle conclut en soulignant l’importance de préserver cette tradition d’échanges des mets lors des fêtes religieuses qui “contribue à renforcer les liens sociaux entre les musulmans et les chrétiens”.