Après la chute du régime Habré à la fin des années quatre-vingt-dix, les forces vives de la nation de l’époque ont exprimé le désir d’unir tous les Tchadiens autour d’un cadre afin de redessiner un Tchad futur dans lequel toutes les filles et fils se sentent impliqués dans la gestion de la chose publique.
C’est ainsi qu’en 1993, une conférence nationale souveraine a été organisée, où toutes les sensibilités furent représentées. Au sortir de cette grand-messe, une nouvelle constitution est rédigée. À l’époque, toutes les grandes figures de la politique tchadienne en exil étaient présentes et ont pris part activement aux assises.
Au règne du feu président Idriss Déby Itno (tué en avril 2021 lors d’une attaque rebelle orchestrée par le Front pour l’Alternance et la Concorde au Tchad FACT), le même exercice a été sollicité par les opposants du régime. Mais à la place d’un Dialogue, ce sont des fora qui ont été organisés en 2018 et 2020. Mais ces deux assises furent boycottées par l’opposition, car ils ne prennent pas part.
La disparition d’Idriss Déby remet la question du Dialogue sur la table.
Aux fins de rendre inclusif ce dialogue, un impératif s’est imposé. La question de participation des politico-militaires. Ainsi, est né le cadre pour les pourparlers de Doha.
Doha est pour les Tchadiens, la clé de voûte pour la réussite d’un “dialogue national inclusif”.
Entamé depuis 13 mars dernier, c’est le lundi 08 août qu’un accord a été signé entre les politico-militaires et le gouvernement de transition en présence du chef de l’État, le Général d’armée Mahamat Idriss Déby Itno, président du Conseil militaire de transition.
Alors que sur 52 mouvements représentés répartis en trois groupes (groupe Rome, groupe Doha et groupe Qatar), se sont 43 mouvements qui ont apposé leur signature en bas du document dit “accord de paix”. Les 19 autres groupes estiment que les vraies conditions d’un dialogue ne sont pas réunies. Ils veulent d’avance avoir l’engagement ferme du président du Conseil militaire de transition de céder le pouvoir aux civils à la fin de la transition, autrement dit, ne pas se représenter à l’élection présidentielle future.
Mais d’autre part, des voix discordantes se lèvent pour dire que cette question de fond serait réservée durant les assises, car c’est l’affaire de tous.
Le retour de Mahamat Déby Itno de Doha a été chaleureusement accueilli en pompe et trompette, car pour la plupart, cette signature est un grand pas pour le futur du Tchad, en attendant l’adhésion inclusive des autres groupes non signataires de l’accord.