Par Kudra Maliro
"Plus de 1.000 éléphants sont actuellement visibles dans le parc, en provenance des différents milieux de refuges, fuyant l’insécurité causée par les groupes armés dans le parc. Il est bon que nous puissions tous nous unir pour protéger la faune et flore" a déclaré Merdy Baraka, responsable de la communication de l’Institut congolais pour la conservation de la nature ICCN.
Ce retour massif d’éléphants sur le sol congolais est le fruit des opérations militaires conjointes lancées le 30 novembre 2021 contre les ADF et autres groupes armés dans le territoire de Beni, au Nord-Kivu et dans l’Irumu, en Ituri.
"Le retour des grands troupeaux d’éléphants aux Virunga est le résultat de décennies d’efforts extraordinaires de la part des éco-gardes congolais du parc", dit Emmanuel De Merode, directeur du parc national des Virunga dans un communiqué dont TRT Afrika a reçu une copie.
Environ 1 700 militaires ougandais ont été déployés au nord Kivu et en Ituri. Ils traquent, avec les FARDC, les groupes armés. Les deux armées ont déjà repris les contrôles de plusieurs bastions des rebelles situées dans le parc national des Virunga.
"J’appelle toutes les personnes à se joindre aux éco gardes dans la protection de la faune et flore, en dénonçant toute personne faisant le braconnage dans le parc" ajoute Baraka.
Cette annonce de l’Institut congolais pour la conservation de la nature intervient quelques jours après la célébration de la journée mondiale de l’éléphant.
Dans une interview à TRT Afrika, Phillip Muruthi, Vice-président, chargé des espèces et des sciences de la conservation de l’organisation African Wildlife Foundation s’est réjoui constater le retour de ces éléphants ; signe, selon lui, d’une amélioration de la sécurité dans le parc national des Virunga.
"Notre objectif est de voir que tous les parcs africains soient inondés des éléphants, car c’est leur sécurité qui prime pour nous malgré les frontières entre les parcs. Nous faisons aussi la coordination des équipes anti-braconnages pour sécuriser les corridors pour que les éléphants circulent en toute sécurité" ajoute M. Muruthi.
Dans les années 1950, environ 8 000 éléphants de savane parcouraient les plaines des Virunga. Le braconnage, l’agriculture illégale et les perpétuels conflits armés ont engendré le déclin de la population de pachydermes dans le parc national et ses alentours depuis les années 1990.
"Les troupeaux apportent des avantages au-delà des limites de l’intervention humaine, régénérant et transformant rapidement une savane envahie en prairies, ils y attirent de plus petits herbivores, attirant les touristes et offrant de nouvelles opportunités économiques aux populations locales" ajoute M. De Merode.
Les communautés locales ont accueilli avec une grande joie l’annonce du retour en masse de ses animaux dans le parc national des Virunga.
"Nous aimerions que le retour des éléphants attire beaucoup de touristes. Le gouvernement doit continuer à traquer les groupes rebelles qui se cachent dans le parc national des Virunga", dit John Matemuli, un habitant de la ville de Beni, une ville riveraine du parc national de Virunga.
En 2009, le retrait des forces rebelles du parc des Virunga avait permis aux éco-gardes et aux populations riveraines de développer ensemble des projets visant à recréer des conditions favorables aux éléphants. En 2020, 580 éléphants de savane migrent dans le parc, formant ainsi un troupeau avoisinant 700 individus.
"Nous croyons que le retour des éléphants dans le parc des Virunga va créer de nouvelles opportunités pour la population locale de développer davantage d’activités touristiques. Notre souhait est que ces éléphants se sentent en sécurité en RDC ou en Ouganda", conclut M. Muruthi.