Par Kudra Maliro
A l'occasion de la journée mondiale de la danse célébrée chaque année 29 avril, le collectif de danseurs de Kivu a pris l’initiative d’organiser un spectacle au profit des déplacés, conscient de la puissance de l’art comme moyen de guérison et d’expression.
Kasereka Kasolene alias Taylor Cruzz, jeune danseur professionnel de 23 ans membre du Collectif des Danseurs du Kivu, fait partie de ceux qui ont fait le déplacement au camp déplaces de guerre de Kanyaruchina à environs 20 km de Goma.
"Nous étions au nombre d’une dizaine de danseurs et nous avons essayé de leurs apprendre la danse traditionnelle, le Hip-Hop, Break Dance, la danse contemporaine et la Salsa", explique M. Kasolene à TRT Afrika.
Selon lui, les déplacés de guerre étaient très accueillant et d’autres avaient même oublier les traumas de la guerre.
La Journée mondiale de la danse a traditionnellement pour objectif de réunir les gens, quelles que soient leurs cultures ou leurs histoires, autour de la danse. Cette année, le collectif a choisi de dédier cette journée aux personnes déplacées qui vivent actuellement dans les conditions précaires dans le camp de Kanyaruchinya.
Selon les Nations Unies, près de 7,2 millions de personnes ont fui les violences perpétrées par les groupes armés dans l'est de la RDC.
Des milliers d'enfants ont abandonné l'école ou luttent pour poursuivre leur éducation dans des installations de fortune de piètre qualité.
L’armée congolaise et ses alliés mènent, depuis des mois, des opérations dans l’Est de la RD Congo pour tenter de déloger les rebelles du M23 de la zone.
Les combats ont fait des dizaines de morts parmi les civils et entrainé le déplacement de milliers d’autres. Ces derniers ont trouvé refuge dans des camps près de Goma.
Pour le collectif de danseurs de Kivu l’événement a eu une résonance particulière, transformant la danse en un puissant outil thérapeutique pour ceux qui ont été témoins et victimes des horreurs de la guerre.
L’art n’a pas de frontière
La cérémonie a connu la présence de plus de 1500 personnes déplacées.
La danse, transcendant les barrières de la langue et de la culture, a servi de catalyseur pour l’expression personnelle. Les mouvements, tantôt énergiques, tantôt doux, ont reflété les émotions complexes des participants - leur tristesse, leur résilience et leur espoir.
"Chaque pas de danse semblait guérir un peu plus les blessures invisibles. Les sourires timides se transformaient progressivement en éclats de rire, et les corps fatigués par le quotidien difficile du camp retrouvaient vigueur et énergie", conclut Kasolene.
En 2022, la tension entre la RDC et son voisin du Rwanda s’est ravivée, emmenant la Communauté de l’Afrique de l’Est, à laquelle appartiennent les deux pays, à intervenir pour tenter de mettre fin aux agissements des groupes rebelles dans l’est du Congo et préserver la paix dans toute la région.
Défait en 2013, le M23, dont les combattants s'étaient réfugiés en Ouganda et au Rwanda, a repris ses activités militaires en 2022, reprochant à Kinshasa le non-respect de ses engagements.
La résurgence du M23, qui occupe plusieurs localités dans l'est du pays, a provoqué un regain de tension entre la RDC et le Rwanda.