Par Kudra Maliro
Rien n’a véritablement changé pour le Congolais Lambda. Se déplacer dans la Communauté de l’Afrique de l’est (EAC) reste un casse-tête pour lui, un an après l’adhésion de la RDC dans cette organisation. Le pays ne bénéficie toujours pas de l’accord de libre circulation des personnes, des biens et des services dans cette sous-région.
Pour entrer en Ouganda, les Congolais doivent payer $50 obtenir le visa pour un séjour de trois mois, sans compter les frais pour le test Covid-19, encore en vigueur, qui s’élèvent à $45.
Cette somme reste élevée pour les commerçants congolais qui se rendent dans les pays de l’Afrique de l’Est, dont leur pays est désormais membre, pour écouler leurs produits tels que des habits, des matériaux de construction, des denrées de premières nécessité, etc.
Certains Congolais peinent encore à voir l’opportunité de se ralliement à cet espace communautaire. En rejoignant la Communauté de l’Afrique de l’Est, la RDC espère améliorer les liens commerciaux et politiques avec ces voisins. Cette adhésion est aussi censée permettre aux citoyens congolais de se déplacer librement dans cet espace.
Le calvaire des commerçants
La RDC a rejoint l’organisation en mars 2022, soit trois ans après sa demande d’adhésion.
Aux frontières avec l’Ouganda, le Burundi, le Soudan du Sud et le Rwanda, on continue d’observer de files de camions de marchandises congolais qui passent parfois des jours, attendant les formalités de douanes.
Plusieurs commerçants rencontrés par TRT Afrika près de la frontière de la RDC et l’Ouganda se disent impatients de voir les Congolais pouvoir enfin entrer en Ouganda, une des principales destinations de leurs marchandises, sans visa et vice-versa. Ils souhaitent également une baisse des taxes.
« Je fais trois ou quatre rotations entre la RDC et l’Ouganda qui me coûte environs $300 par mois rien que pour les frais de visa. Si c’était gratuit, cette somme m’aurait servi à autre chose », dit Kambale Makolongo, un commerçant qui impatiente au poste-frontière de Kasindi.
Selon certaines sources au sein de l’EAC, la RDC doit encore attendre pour être membre effectif de l’organisation, et cela peut prendre des mois voire plus d’une année.
« Mes marchandises passent plusieurs jours à la frontière dans l’attente des formalités. J’ai hâte que le processus d’adhésion s’achève afin de bénéficier des mêmes privilèges que les autres membres de l’EAC » dit Maguy Mundeke.
Par ailleurs, plusieurs autres Congolais souhaitent voir la communauté des Etats d’Afrique de l’Est adopter aussi le français, la langue officielle du Congo, pour faciliter leur intégration dans la communauté.
Dans un entretien accordé à TRT Afrika, le Pr Solomon Asimwe, analyste politique et sécuritaire en Afrique souligne que la RDC devrait envoyer une lettre de recours pour exiger de l’EAC la fin du visa pour ses citoyens.
Cependant, l’insécurité dans l’Est de la RDC inquiète les voisins qui craignent de voir, après cette ouverture, l’insécurité dans l’est de la RDC gagner le reste de sous-régions.
« Ma crainte est que d’autres pays aient peur de la situation sécuritaire en RDC, y égard à l’instabilité qui y règne encore. J’estime que l’adhésion de la RDC à l’EAC était précipitée car la RDC doit d’abord régler certains problèmes internes comme l’insécurité, la corruption, etc. », conclut Pr Asimwe.