RDC : les chenilles, une alimentation qui pourra sauver des milliers d’enfants mal nourris. Photo : TRT Afrika

Par Benjamin Sivanzire

"Les chenilles contiennent notamment une quantité importante de lipide et protéines, des nutriments essentiels dans la construction et la réparation des tissus cellulaires, mais aussi la production d'énergie vitale. La poudre des chenilles séchées et moulues est aussi utilisée dans l'alimentation des mal nourris", dit Jacky Kasisa, diététicienne nutritionniste de l'hôpital militaire de la Garde Républicaine de Kinshasa.

Les populations de Kisangani, une ville située dans l’est de la RDC, attendent le septième et le huitième mois de chaque année pour voir l’apparition de ces chenilles saisonnières.

A 7 H 00 du matin, au petit marché ''Limanga du PK5'', situé au cœur de la ville de Kisangani qui compte près d’un million d’habitants, l’on peut voir l'engouement des piétons, motards et autres engins roulants, dans des ruelles poussiéreuses envahies par des centaines des femmes, vendeuses de chenilles. Des appels de tous les côtés, des sourires , le message est le même : "goûtez, c'est la saison des chenilles".

Pour goûter les chenilles, dénommée "Mbinzo" en lingala, il faut le faire entre le septième et huitième mois de l'année. Photo : TRT Afrika

Mapenzi Vahirwe, opérateur économique âgé de 26 ans, en consomme maintenant depuis 10 ans. Depuis, il en est devenu un véritable amateur de ces espèces et ne rate plus une seule saison.

"Les chenilles ont un goût pétillant et peuvent remplacer la viande sur mon menu. Elles peuvent accompagner d'autres aliments. Les chenilles sont accompagnées de légumes, de bananes, de manioc ou encore de foufou, une pâte à base de farine manioc, malaxée à l'eau chaude" ajoute M. Mapenzi.

L’apparition des chenilles dans la ville de Kisangani est une aubaine pour cette population qui compte, selon l’Unicef, près de 1,8 million de personnes, dont 1 million d’enfants, n’ont pas accès à la nourriture et à l’eau.

L’apparition des chenilles dans la ville de Kisangani est une aubaine pour cette population. Photo : TRT Afrika

Les chenilles sont des espèces variées non irritantes et inoffensives, ramassées pendant la saison pluvieuse, exclusivement dans la grande forêt riveraine du Fleuve Congo.

Ces insectes ne sont pas appréciés par d'autres personnes malgré leur odeur aromatique et leur apparence appétissante. C'est le cas de Jeanne Kalunga, la soixantaine révolue, qui ne les apprécie pas beaucoup. Mais elle les prépare pour son époux et ses enfants.

La saison des chenilles est également productive pour les femmes d’affaires. Ramassées dans les forêts, loin des centres urbains, les chenilles attirent la plupart des femmes qui pratiquent la commercialisation de cette espèce.

Adèle Mambo attend impatiemment cette saison. Chaque matin, elle parcourt jusqu'à 58 kilomètres à bord d’une moto pour rejoindre le village de Wanyerukula où ces chenilles sont ramassées au cours de la nuit.

La saison des chenilles est également productive pour les femmes d’affaires. Photo : TRT Afrika

"Le gain est parfois double si ces chenilles ne pourrissent pas lors du voyage. Si, par exemple, j'achète la valeur d’un kilogramme à cinq mille francs congolais (environ 2 USD), je peux revendre la même quantité de dix à quinze mille francs", explique M. Mambo en souriant, "les chenilles nous enrichissent pendant leur saison" ajoute-t-elle.

Conservation des chenilles

Lorsque les quantités sont grandes, les chenilles sont séchées au feu afin de garantir leur conservation qui peut durer jusqu’à douze mois. Cette pratique permet également leur exportation vers d'autres villes du monde où les familles et amis attendent leur cadeau de la mi-année.

Lorsque les quantités sont grandes, les chenilles sont séchées au feu afin de garantir leur conservation qui peut durer jusqu’à douze mois. Photo : TRT Afrika

Cela explique les nombreux appels téléphoniques émanant de la foule.

"Je n'ai pas beaucoup d'argent pour lui en acheter davantage. Comme la saison est très courte, je vais lui envoyer le peu que j'ai(...)"dit Bahati Kalekele, un habitat de Goma qui a parcouru environ 400 kilomètres pour participer à ce marché saisonnier.

TRT Afrika