L'heure de la reconstruction au Maroc trois mois aprsè le séisme d'Al Haouz/TRTAFRIKA

Par Mohamed Touzani

Les Marocains garderont en effet longtemps à l’esprit le cauchemar vécu ce soir du vendredi 07 septembre 2023, lorsque la terre a fortement tremblé vers 23H30 (GMT+1) dans cette vaste zone montagneuse du Haut Atlas, près de la célèbre cité touristique de Marrakech, mais aussi dans plusieurs autres villes du centre et du nord du pays.

Des milliers d’entre eux ont passé la nuit à la belle étoile de peur de subir le même triste sort que leurs compatriotes qui ont été ensevelies sous les décombres ou se sont simplement retrouvés sans gîte après l’effondrement de leurs modestes habitations en pisé.

Mais le lendemain, la peur et l’angoisse ont cédé la place à un extraordinaire mouvement de solidarité citoyenne et spontanée avec les populations sinistrées.

Cet immense élan d’empathie avec les victimes a gagné toutes les grandes villes, villages et bourgades du Royaume avec des opérations de collecte de vivres, de médicaments, de lait, de tentes et de vêtements.

Il faut dire que les Marocains ont répondu massivement à l’appel du cœur pour réconforter les sinistrés en ces moments de détresse et contribuer à panser leurs plaies.

Les appels à l’aide lancés par les sinistrés aux premières heures de la tragédie, et relayés sur les réseaux sociaux, ont également trouvé un large écho auprès des membres de la puissante diaspora marocaine qui a organisé des collectes de médicaments, de matériel et de tentes dans tous les pays d’accueil.

Les images des convois de camions remplis de tonnes de nourriture et de couvertures se frayant du chemin sur les routes sinueuses et coupées à la circulation à plusieurs endroits du Haut Atlas ont tourné en boucle sur les chaînes de télévision du monde entier.

Le refus des autorités marocaines - soucieuses de démontrer qu’elles sont capables de gérer avec leurs propres moyens les opérations de sauvetage - de recevoir l’aide internationale avait suscité une vive polémique avec certains pays comme la France, dont le président Emmanuel Macron n’avait pas apprécié que le Royaume accepte l’aide de l’Espagne, de la Grande Bretagne, de l’Arabie Saoudite et des Emirats Arabes Unis et décline celle proposée par son pays, l’ancienne puissance coloniale.

Le séisme survenu à AlHaouz a fait tois mille morts/TRT AFRIKA

La presse de l’Hexagone avait vu dans ce refus des autorités marocaines l’expression d’un agacement de Rabat face à la position ambiguë de Paris sur le dossier du Sahara occidental et son rapprochement avec l’Algérie, qui soutient l’indépendance de ce territoire.

Mais si le Royaume a rejeté l’offre d’aide de certains pays, ce n’était pas le cas pour les ONG internationales qui ont apporté leur précieuse expérience acquise dans d’autres pays et continents pour aider à retrouver les survivants et à extraire des décombres les personnes qui sont décédées.

C’est le cas notamment de la Fondation turque d’aide humanitaire (IHH) qui a sillonné plusieurs bourgades du Haut Atlas pour soulager les souffrances des populations de ces zones montagneuses dévastées par ce puissant séisme d’une magnitude de 7 degrés sur l’échelle de Richter.

Ses bénévoles ont distribué des produits alimentaires, des couvertures et des produits d’hygiène aux femmes et à leurs enfants durement affectés par cette catastrophe.

L’ONG turque a en effet accumulé une riche expérience dans ce domaine après avoir participé à plusieurs opérations humanitaires en Turquie et dans plusieurs pays frappés par des catastrophes naturelles, en particulier à Derna, dans le nord-est de la Libye, après le passage dévastateur de la tempête Daniel.

Au lendemain de la catastrophe, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait également exprimé ses condoléances au peuple "frère" marocain ainsi que le soutien de la Turquie " en ces moments difficiles".

L'heure de la reconstruction au Maroc trois mois aprsè le séisme d'Al Haouz/TRTAFRIKA

"Que Dieu ait pitié de ceux qui ont perdu la vie, et je souhaite un prompt rétablissement aux blessés. Nous soutenons nos frères marocains par tous les moyens dans cette journée difficile", avait écrit le président turc sur X (anciennement Twitter).

Au final, et après certaines difficultés constatées durant les premiers jours de la catastrophe, les secours se sont organisés et intensifiés avec l’aide des équipes de ces pays et ONG internationales, permettant d’ouvrir à la circulation les routes coupées, de sauver des centaines de personnes ensevelies sous les décombres, d’aménager des sites d’hébergement pour les personnes restées sans toit et de soigner les personnes qui ont été blessées dans le séisme.

Dans ce cadre, l’armée marocaine a mis en place plusieurs hôpitaux de campagne offrant des soins médicaux dans toutes les spécialités, y compris un soutien psychologique aux personnes qui ont perdu des proches durant cette nuit cauchemardesque du 07 septembre.

Mais une fois bouclées les opérations de recherches et de sauvetage des victimes, il fallait ouvrir au plus vite le délicat chantier du relogement des sinistrés et de la reconstruction des habitations et des zones rasées par le tremblement de terre.

Un "Fonds spécial pour la gestion des effets du tremblement de terre qui a touché le Royaume du Maroc" a été créé à cette fin pour recevoir les contributions des citoyens, des entreprises privées et organismes publics.

Plus de 11 milliards de dirhams de dons (près de 1,2 milliard de dollars) ont été collectés à travers ce Fonds, outre les sommes mobilisées par l’Etat pour mener à bien le « Programme d’urgence de réhabilitation et d’aide à la reconstruction des logements détruits suite au séisme d’Al Haouz ».

Ainsi, le gouvernement a décidé d’accorder une aide financière directe d’un montant 140.000 dirhams (14.000 dollars) pour la reconstruction des logements totalement effondrés et de 80.000 dirhams (8000 dollars) pour couvrir les travaux de réhabilitation des habitations partiellement endommagées.

L'heure de la reconstruction au Maroc trois mois aprsè le séisme d'Al Haouz/TRTAFRIKA

Les personnes restées sans toit vont également bénéficier, durant une année, d’une allocation mensuelle de 2500 dirhams (250 dollars), en attendant la reconstruction de leurs logements.

Une « Agence de développement du Grand Atlas », la zone frappée par le séisme, a été mise en place pour coordonner l’ensemble des opérations prévues dans le cadre de ce processus de reconstruction et de réhabilitation « tout en respectant l'environnement, le patrimoine culturel et les traditions locales », selon les autorités marocaines.

L'objectif est également de mettre en œuvre des projets de développement socio-économique dans ces zones, ont ajouté les mêmes sources.

Trois mois après ce séisme, le processus de reconstruction est sur les bons rails : Les opérations de reconstruction de leurs logements sont en cours dans toutes les zones sinistrées avec un accompagnement technique des autorités qui veillent désormais sur le respect des normes sismiques.

Car l’hiver approche à grands pas et les montagnes qui surplombent ces zones ont commencé à recevoir les premiers flocons de neige.

TRT Afrika