La Côte d'Ivoire a annoncé qu’elle cessait de vendre des contrats d’exportation de cacao pour la saison 2023-2024, après les fortes pluies qui ont endeuillé le pays et inondé les plantations du pays.
Selon les Nations Unies, la Côte d’Ivoire dépend du cacao pour 40 % de ses recettes d'exportation.
Cette suspension affectera durement l’économie du pays y égard aux prix du cacao actuellement à des niveaux record en raison de préoccupations concernant les approvisionnements, à en croire le chef de l'organisme de réglementation du secteur du cacao du pays.
Yves Brahima Kone, directeur général du Conseil du café et du cacao (CCC), a déclaré à Reuters que les ventes avant la suspension avaient dépassé le million de tonnes. La production totale projetée pour la campagne en cours était de 2,2 millions de tonnes.
La suspension aura également des conséquences sur les prévisions les clients et géants du secteur tels que Cargill (CARG.UL) et Olam et les chocolatiers comme Barry Callebaut (BARN.S), Hershey (HSY.N) et Nestlé (NESN.S).
Inquiétude autour des approvisionnements
La principale récolte de cacao devrait commencer à affluer vers les ports d'exportation à partir d'octobre, a indiqué Yves Brahima Kone, directeur général du Conseil du café et du cacao (CCC), ajoutant que la production devrait baisser considérablement.
"Nous nous attendons à beaucoup moins de cacao dans la première partie de la récolte principale par rapport à cette saison. Nous espérons que la production de janvier à mars aidera à équilibrer nos volumes, sinon ce sera un problème", a estimé Koné. "Nous avons arrêté les ventes il y a quelques jours car nous ne sommes pas certains d'avoir un volume suffisant pour couvrir les ventes", a -t-il déclaré.
Les inquiétudes concernant les approvisionnements ont poussé les prix à terme du cacao à atteindre un pic ces dernières semaines. Ils ont augmenté de 27% depuis janvier.
La Côte d'Ivoire est au milieu de sa saison des pluies d'avril à novembre. La culture du cacao nécessite des pluies abondantes entrecoupées de longues périodes ensoleillées. Mais la Côte d'Ivoire et d'autres grands producteurs de cacao, le Ghana, le Nigeria et le Cameroun, qui représentent environ 70 % de la production mondiale, ont connu de fortes précipitations ces dernières semaines.
Des plantations submergées
Plusieurs plantations de cacao dans les régions productrices de cacao de Côte d'Ivoire dans le sud-ouest et le sud-est ont été inondées par des pluies torrentielles entre le 15 mai et le 10 juillet.
Le 15 mai, des pluies tropicales sont tombées en continu pendant huit heures avec une intensité sans précédent dans la région d'Aboisso, dans le sud-est de la Côte d'Ivoire, ont déclaré à Reuters des agriculteurs et des habitants.
Les pluies intenses ont frappé les cacaoyers, provoquant la chute des arbres de minuscules fleurs et cherelles, qui devaient se développer et devenir les premières cabosses de la récolte principale 2023-2024 qui commence en octobre. Les agriculteurs, les compteurs de cabosses de cacao et les exportateurs de cacao basés en Côte d'Ivoire ont également déclaré à Reuters qu'ils s'attendaient à une baisse significative de la production au cours de la première partie de la récolte principale.
"Nous avons connu trois jours d'inondations autour du 15 mai, et la situation ne s'améliore pas car les pluies ne s'arrêtent pas", a déclaré Jean Paul Kadjo, qui tient une plantation à Akressi, un village près d'Aboisso. "Les plantations sont actuellement saturées d'eau."
"La pourriture brune progresse partout à cause des pluies", a confirmé Koné de CCC.
"Nous rassemblons une équipe pour évaluer la situation plus objectivement. Cela nous inquiète et nous devons prendre des mesures pour l'atténuer", conclut le responsable.