"Je ne me présenterai pas au scrutin, c'est très clair", a affirmé l'ancien président malgache Hery Rajaonarimampianina, 65 ans. Même son de cloche du côté de Marc Ravalomanana, 73 ans, également ancien président et une nouvelle fois prétendant à la fonction suprême: "Nous appellerons à ne pas aller voter".
La grande île de l'océan Indien est secouée depuis plusieurs mois par une bataille à couteaux tirés entre le président sortant, Andry Rajoelina, 49 ans, et ses rivaux.
Les opposants, réunis en collectif, manifestent dans la capitale Antananarivo depuis début octobre. Ces rassemblements, régulièrement dispersés au gaz lacrymogène par les forces de l'ordre, n'ont réuni généralement que quelques centaines de soutiens.
La crise a été déclenchée par la révélation en juin de la double nationalité malgache et française de M. Rajoelina. Selon l'opposition, le chef d'Etat sortant a perdu sa nationalité malgache en demandant à devenir français en 2014, et ne pouvait dès lors plus gouverner, encore moins se présenter à une nouvelle élection.
Le collectif réclame la suspension du processus électoral et un report du scrutin. Cette demande a été soutenue la semaine dernière par la présidente de l'Assemblée nationale, Christine Razanamahasoa, qui mène une tentative de médiation entre les deux camps depuis plusieurs semaines, sans résultat concret à ce stade.
Le camp Rajoelina a rejeté la requête, la jugeant "farfelue". Et le président sortant a tenu dimanche son dernier meeting de campagne à Antananarivo devant une foule fervente de plusieurs milliers de personnes vêtues de t-shirts à son effigie.
Ce soutien "ne signifie rien", estime Roland Ratsiraka, 57 ans, autre candidat de l'opposition. Evoquant des pratiques douteuses du pouvoir comme la rétribution de participants aux meetings, il ajoute que Rajoelina "se ment à lui-même et il le sait".
"Il veut faire le forcing mais nous ne l'accepterons jamais", a martelé M. Ravalomanana.
L'élection de jeudi "n'aura pas lieu", a renchéri le candidat Hajo Andrianainarivelo, 56 ans.