La Haute cour constitutionnelle a rejeté plusieurs recours de l'opposition réclamant notamment l'annulation du scrutin et confirmé la victoire de M. Rajoelina / Photo: Reuters

Cette victoire offre un nouveau mandat à Andry Rajoelina, élu en 2018 mais qui avait déjà été au pouvoir entre 2009, à la suite d'une mutinerie qui a chassé l'ex-président Marc Ravalomanana, et 2013. La cérémonie d'investiture est prévue à la mi-décembre.

La Haute cour constitutionnelle a rejeté plusieurs recours de l'opposition réclamant notamment l'annulation du scrutin et confirmé la victoire de M. Rajoelina au scrutin du 16 novembre avec près de 59% des voix, sur fond de faible participation (à peine plus de 46%).

"Mes premières mesures seront de m'occuper du peuple. C'est ma mission principale", a déclaré M. Rajoelina à la presse après l'annonce des résultats définitifs, en citant parmi ses priorités: "être au chevet des plus démunis", "accélérer l'industrialisation" et "former les Malgaches pour que chaque citoyen puisse être utile" au pays.

Onze des douze candidats de l' opposition ont déjà indiqué qu'ils ne reconnaîtraient pas les résultats.

"Il faut respecter le choix du peuple. Je suis preneur de toutes les critiques, mais de celles qui vont dans le sens de la construction, et non de la destruction du pays", a prévenu M. Rajoelina.

Les principaux partenaires internationaux de Madagascar (Union européenne, ambassades américaine, britannique, française, allemande, japonaise et coréenne notamment) ont "pris acte" des résultats définitifs et réaffirmé leur "engagement à travailler avec le président élu", dans un communiqué commun publié sur X (ex-Tw itter).

"Compte tenu des tensions et incidents ayant émaillé le processus électoral et du contexte politique tendu", ils l'appellent à "prendre les mesures à même de restaurer un climat de confiance propice au dialogue" et à "renforcer le cadre juridique et électoral" en vue notamment des scrutins législatifs et municipaux prévus l'an prochain.

Plusieurs pays et organisations, dont les Etats-Unis et l'Union européenne, avaient exprimé ces derniers mois leur "préoccupation" après des tensions lors de manifestations et dénoncé un usage excessif de la force contre l'opposition.

- "Incarner l'opposition" -

Le climat politique sur l'île reste tendu depuis des mois. Cette semaine, deux colonels de l'armée malgache ont été placés en détention, accusés d'avoir tenté de "contester l'élection" présidentielle et "déstabiliser le pouvoir" en amont du scrutin. Le chef de l'armée, William Michel Andriamasimanana, a ensuite déclaré que l'institution militaire respecterait le résultat du scrutin.

Onze millions de Malgaches ont été appelés aux urnes le 16 novembre.

Un collectif de dix opposants candidats, comptant notamment deux anciens présidents dont M. Ravalomanana, avait appelé les électeurs à boycotter un scrutin "joué d'avance". Ils ont refusé de faire campagne en signe de protestation, laissant le champ libre au candidat sortant.

La crise politique dans le pays a été déclenchée en juin par la révélation de la naturalisation française, en toute discrétion, d'Andry Rajoelina en 2014. Selon l'opposition, cela devait l'empêcher de se présenter mais la justice a refusé d'invalider sa candidature.

Avant même l'annonce des résultats, les membres du collectif avaient annoncé qu'ils ne reconnaîtraient "pas les résultats de cette élection illégitime, truffée d'irrégularités" et mis en garde contre "l'instabilité politique et sociale qui pourrait en découler".

De son côté, le candidat Siteny Randrianasoloniaiko, dont le recours en annulation du scrutin a été rejeté par la HCC, a acté vendredi le fait que cette décision était "irrévocable" et promis d'"incarner l'opposition" au régime.

Pendant des semaines avant l'élection, le collectif des opposants avait appelé quasi quotidiennement la population à protester dans les rues d'Antananarivo, donnant lieu à des rassemblements régulièrement dispersés à cou ps de gaz lacrymogènes.

Aucune manifestation n'a toutefois eu lieu après le scrutin.

Une partie des 28 millions de Malgaches ont par ailleurs souvent exprimé leur désintérêt pour le scrutin et la politique. L'île est parmi les pays les plus pauvres de la planète, malgré des richesses naturelles considérables. Elle est aussi régulièrement en proie à des destructions par des cyclones et tempêtes tropicales meurtriers.

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AFP