Le tribunal militaire de Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo, a condamné 15 personnes à des peines allant de cinq à dix ans de prison pour avoir "financé le terrorisme" par le biais du commerce illicite de l'or, ont déclaré leurs avocats jeudi.
Les personnes reconnues coupables faisaient partie de la vingtaine de personnes arrêtées en mai dernier à Bukavu, la principale ville de la province du Sud-Kivu, touchée par le conflit.
Des soldats avaient fait une descente dans les boutiques d'or de la ville, située à 2 000 kilomètres à l'est de Kinshasa, et avaient confisqué des ordinateurs, des coffre-fort, des dollars et le précieux minerai de couleur jaune.
Deux des personnes détenues ont été libérées, dont une Indienne, et les 19 autres ont été jugées, dont cinq par contumace, a déclaré à l'AFP Pascal Amani, porte-parole d'un collectif d'avocats défendant le groupe.
Les suspects ont nié les allégations
Le procès s'est ouvert le 25 juillet, le procureur militaire affirmant que tous les accusés disposaient de "masses d'argent intraçables" provenant de la vente d'or et de pierres précieuses en dehors du système officiel.
La défense a nié ces allégations, soulignant que "nos clients n'ont pas travaillé pour financer le terrorisme", a déclaré M. Amani.
Mercredi, le tribunal a acquitté neuf personnes et condamné les cinq en fuite à dix ans de prison, a déclaré l'avocat.
Les dix autres personnes ont été condamnées à des peines de cinq à huit ans.
Appel
Amani a déclaré qu'ils feraient appel.
Il y a un an, le gouvernement et les Émirats arabes unis ont créé une coentreprise appelée Primera Gold pour traiter l'or extrait par les mineurs artisanaux dans le Sud-Kivu et le vendre légalement et ouvertement.
Selon les experts, le commerce illicite de l'or et des minerais dans l'est de la République démocratique du Congo alimente depuis longtemps les dizaines de groupes armés qui sévissent dans la région depuis des décennies.
On pense qu'une grande partie du trafic de minerais transite par les pays voisins, en particulier le Rwanda.
Rien à voir avec les arrestations
Les responsables de Primera Gold ont déclaré à l'AFP qu'ils n'avaient rien à voir avec les arrestations qui ont eu lieu à Bukavu l'année dernière.
Mais ils ont fait remarquer que la quantité d'or manipulée par l'entreprise avait considérablement augmenté depuis.