Saïf al-Islam affirme que 5 millions de dollars en espèces ont été remis à Nicolas Sarkozy via Claude Guéant, alors directeur de cabinet de l’ancien président. (Photo: AP)

Dans un entretien exclusif avec RFI, Saïf al-Islam Kadhafi, brise le silence pour revenir sur l’affaire du financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, alors que le procès de l’ancien président français et de onze autres prévenus a débuté il y a quinze jours à Paris.

Saïf al-Islam affirme que 5 millions de dollars en espèces ont été remis à Nicolas Sarkozy via Claude Guéant, alors directeur de cabinet de l’ancien président.

Ces fonds auraient servi à financer la campagne présidentielle de 2007. En contrepartie, la Libye espérait des accords favorables et la résolution de l’affaire du DC10 d’UTA, un attentat ayant coûté la vie à 170 personnes, dont 54 Français, en 1989.

Selon lui, les valises contenant l’argent auraient été remises par l’intermédiaire de personnalités comme Béchir Saleh, ex-argentier de Mouammar Kadhafi, et Alexandre Djouhri, homme d’affaires franco-algérien, tous deux impliqués dans l’affaire.

Tentatives de pressions

Le fils de Mouammar Kadhafi affirme avoir été soumis à plusieurs tentatives de pression.

En 2021, Souha al-Bedri, consultante basée à Paris, aurait demandé à Saïf al-Islam Kadhafi de nier tout soutien libyen à Sarkozy en échange d’une aide pour clore son dossier devant la Cour pénale internationale (CPI).

Une autre tentative aurait eu lieu en 2022, cette fois par l’intermédiaire de Noël Dubus, un homme impliqué dans plusieurs affaires politico-financières. Ce dernier aurait approché Hannibal Kadhafi, le frère cadet de Saïf, actuellement emprisonné au Liban, en lui promettant sa libération si Saïf modifiait son témoignage.

Me Christophe Ingrain, avocat de Nicolas Sarkozy, a réagi en qualifiant ces accusations de “fantaisistes et opportunistes”.

Souha al-Bedri, citée dans les accusations, a démenti tout rôle dans cette affaire, affirmant n’avoir jamais transmis de messages de ce type à Saïf al-Islam.

Hannibal Kadhafi, via son avocat, confirme cependant l’existence de la proposition de Noël Dubus.

Le procès de Nicolas Sarkozy qui s’est ouvert le 6 janvier 2025 à Paris, examine cette affaire où se mêlent enjeux financiers, diplomatiques et politiques.

L’ancien chef d’Etat comparaît pour “corruption passive, financement illégal de campagne électorale, association de malfaiteurs et recel de détournement de fonds publics libyens”. Dans ce procès, prévu jusqu’au 10 avril prochain, douze prévenus comparaissent. Parmi eux, trois anciens ministres.

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