Par Jean-Rovys Dabany
Les murs de la ville sont sa toile. Armé de ses bombes de peinture, Régis Divassa parcourt les rues de Libreville pour éclabousser le mobilier urbain de ses graffitis. Autodidacte, il est convaincu que la force de son art, c'est qu'il est accessible à tous, et pas seulement à une élite.
'' Tout le monde ne peut pas lire ce qu’on écrit parce que ça dépend aussi du style qu’on emploie. Ce qui est fait par les graffitis est fait de manière à ce que tout le monde puisse lire facilement. C’est comme un enfant qui va à l’école et qui va commencer à écrire : parfois, c'est lisible, parfois c'est illisible, comme les écrits des médecins. Donc il y a des graffeurs hardcores qui font dans tout ce qui est compliqué, mais il y a aussi des graffeurs assez soft'', explique Régis Divassa à TRT Afrika.
Dans le quartier populaire d’Akébé, plus d’un habitant sur quatre est sans emploi. La pauvreté et la violence font partie du quotidien. Et pour les graffeurs comme Divassa, il s’agit de s’évader et de colorer un quotidien trop gris.
''Le graffiti que nous faisons aujourd’hui, c’est la continuité de ceux qui nous ont précédé et on le fait donc sur le mur parce qu’il y a plus d’impact. On ne peut pas transporter un mur, c’est égoïste de cacher l’art. L’art est fait pour être montré. Dans la rue, le seul support approprié, ce sont les murs '', suggère Régis Divassa.
Quand il ne peut pas sortir peindre dans les rues, Divassa imagine les fresques depuis son studio, situé au 4ᵉ étage d'un immeuble. Sa cible du jour : la femme.
'' Il faut dire que la femme, c’est le berceau, c’est l’essence même de l’art, c’est la forme parfaite que Dieu a donnée à l’homme. Et pour ne pas être seul, je suis obligé de peindre les femmes, symboles de maternité, symbole de naissance. Pour moi, la femme, c'est la quintessence, l’origine même du mot art '', lâche le graffeur.
Pour arrondir ses fins du mois, cet artiste ''touche-à-tout'' met parfois son art au service des commerçants soucieux de rendre les devantures de leurs places plus attractives. Divassa confie ne pas être prêt à franchir les portes des galeries, préférant garder l’authenticité du graffiti qui se doit, dit-il, de rester une discipline vandale.
''Le graffiti, c’est la meilleure arme, c’est plus efficace que tout. Un graffeur, c’est quelqu’un qui est engagé totalement : politiquement, socialement...c’est quelqu’un qui donne même sans le vouloir, c’est une révolte en fait en lui-même '', lance Divassa.
Aujourd’hui, sa réputation s’étend bien au-delà des frontières gabonaises. Armé de ses bombes, il souhaite aller encore plus loin dans sa conquête de nouveaux murs et d'espaces d’expression libre.