Début de l'audience de la CIJ dans l'affaire de la plainte de l'Afrique du Sud contre Israël pour génocide

Début de l'audience de la CIJ dans l'affaire de la plainte de l'Afrique du Sud contre Israël pour génocide

L'Afrique du Sud demande une ordonnance d'urgence pour qu'Israël suspende son action militaire à Gaza pendant que le tribunal examine le fond de l'affaire.
Début de l'audience de la CIJ dans l'affaire de la plainte de l'Afrique du Sud contre Israël pour génocide. Photo : Reuters

L'Afrique du Sud et Israël s'affrontent jeudi devant la plus haute juridiction de l'ONU, où les juges entendront une plainte de l'Afrique du Sud accusant Israël de génocide contre les Palestiniens de Gaza et demandant une suspension d'urgence de la campagne militaire israélienne.

La Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye, également connue sous le nom de Cour de justice mondiale, tiendra deux jours d'audience cette semaine dans le cadre d'une affaire introduite fin décembre, accusant Israël de ne pas respecter les obligations qui lui incombent en vertu de la convention de 1948 sur le génocide.

Israël a qualifié l'affaire d'absurde et a accusé Pretoria de se faire l'avocat du diable pour le Hamas, le groupe de résistance palestinien contre lequel il fait la guerre à Gaza.

L'Afrique du Sud et Israël sont tous deux parties à la convention sur le génocide, qui les oblige à ne pas commettre de génocide et à le prévenir et le punir. Le traité définit le génocide comme "des actes commis dans l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux".

Suspendre l'action militaire

L'Afrique du Sud a demandé à la Cour d'ordonner une série de mesures d'urgence, notamment la suspension de l'action militaire à Gaza pendant que la Cour examine l'affaire sur le fond, ce qui peut prendre des années.

Les forces israéliennes ont lancé leur offensive après que des combattants de la bande de Gaza, gouvernée par le Hamas, eurent perpétré, le 7 octobre, un carnage transfrontalier au cours duquel, selon Israël, 1 200 personnes ont été tuées et 240 enlevées.

Depuis lors, l'offensive a réduit à néant une grande partie de la bande de Gaza, densément peuplée, et la quasi-totalité de ses 2,3 millions d'habitants ont été chassés de chez eux au moins une fois, ce qui a provoqué une catastrophe humanitaire.

L'Afrique du Sud post-apartheid a longtemps défendu la cause palestinienne, une relation forgée lorsque la lutte du Congrès national africain contre la domination de la minorité blanche était encouragée par l'Organisation de libération de la Palestine de Yasser Arafat.

Suspendre les liens

En novembre, l'ANC, aujourd'hui au pouvoir, a soutenu une motion du parlement sud-africain visant à suspendre les liens diplomatiques avec Israël jusqu'à ce que ce dernier accepte un cessez-le-feu à Gaza.

Dans les documents qu'elle a déposés au tribunal, l'Afrique du Sud cite l'incapacité d'Israël à fournir de la nourriture, de l'eau, des médicaments et d'autres formes d'aide humanitaire essentielle à l'enclave palestinienne.

Elle souligne également la campagne de bombardements soutenue qui a tué plus de 23 000 personnes selon les autorités sanitaires de Gaza.

Le porte-parole du gouvernement israélien, Eylon Levy, a déclaré avant les audiences qu'Israël "reste engagé et agit en conformité avec le droit international" et a souligné que toute action militaire est dirigée contre le Hamas.

Une décision sur les mesures d'urgence est attendue dans le courant du mois. La Cour ne se prononcera pas à ce moment-là sur les allégations de génocide, car elle ne se prononcera sur celles-ci que dans son arrêt final, qui ne sera vraisemblablement pas rendu avant plusieurs années. Les décisions de la CIJ sont définitives et sans appel, mais la Cour n'a aucun moyen de les faire appliquer.

Reuters