Des dizaines de migrants attendent d'être soignés par la Croix-Rouge après avoir débarqué d'un navire des garde-côtes espagnols à Port Naos, à Arrecife, sur l'île de Lanzarote, en Espagne, le 5 novembre 2024. REUTERS/Borja Suarez

L'Espagne a adopté mardi une réforme réglementaire pour faciliter la régularisation de dizaines de milliers d'immigrés sans-papiers, selon une information rapportée mercredi par des médias français.

Le nouveau règlement, annoncé par le gouvernement comme le plus ambitieux depuis 13 ans, prévoit une réduction des délais et des formalités pour l'obtention des titres de séjour.

La coalition de gauche au pouvoir espère ainsi pallier le manque de main d'œuvre dans un pays où la population est vieillissante, souligne le site "Infomigrants".

"L'objectif est de renforcer et d'élargir les voies d'accès à la régularisation pour les migrants qui se trouvent en Espagne, afin qu'ils puissent mener une vie pleine en tant que citoyens : avoir des droits et des devoirs", a expliqué la ministre de l'Inclusion et des Migrations Elma Saiz citée par le même média.

Ce nouveau règlement, annoncé par la ministre comme le plus ambitieux depuis 13 ans, prévoit une réduction des délais et des formalités pour l'obtention des titres de séjour, le "renforcement" des droits des travailleurs migrants, l'extension de trois mois à un an de la durée du visa de recherche d'emploi et la création de nouveaux statuts ouvrant la voie à une régularisation, précise Infomigrants ajoutant qu'avec ces nouvelles mesures, le gouvernement estime que le pays pourrait régulariser jusqu'à 300 000 immigrés chaque année.

"Comme nous l'avons répété à plusieurs reprises, divers organismes nationaux et internationaux (...) estiment que l'Espagne a besoin d'environ 250 000 à 300 000 travailleurs étrangers par an pour maintenir son niveau de vie", a insisté la ministre en conférence de presse.

Selon la ministre Elma Saiz, quelque 2,9 millions d'étrangers cotisent déjà chaque mois à la sécurité sociale, soit 13,6 % du total des affiliés, "deux points de plus qu'il y a seulement deux ans", indique le même média.

"Comme l'a dit le [Premier ministre Pedro] Sánchez il y a quelques semaines, l'Espagne doit choisir entre être un pays ouvert et prospère, ou être un pays fermé et pauvre. Et nous avons choisi la première option", a-t-elle poursuivi.

Contrairement à la France, l'Allemagne, ou encore l'Italie qui durcissent depuis plusieurs mois leur politique migratoire, l'Espagne est l'un des rares pays européens à tendre les bras à l'immigration.

Début octobre Pedro Sanchez avait prononcé un discours au Parlement espagnol sur les bienfaits de l'accueil axé sur le pragmatisme : "L'immigration est synonyme de richesse. Sans elle, nous perdrions 30 millions de personnes en âge de travailler dans les années à venir en Europe (…) L’immigration n’est pas seulement une question d’humanité, elle est aussi nécessaire pour notre économie et notre prospérité", rapporte la même source.

Selon des chiffres cités par la ministre, quelque 210 000 migrants étaient enregistrés fin 2023 dans les différentes démarches menant à la naturalisation en Espagne, soit 85 000 personnes de plus qu'en 2022, indique Infomigrants rappelant que l'Espagne est, par ailleurs, confronté à une immigration illégale venue d'Afrique de l'Ouest de plus en plus intense dans les îles Canaries.

TRT Afrika et agences