Jean David MIHAMLE
La Cisjordanie et Jérusalem-Est sont devenus les centres névralgiques de la violence qu'Israël fait subir aux Palestiniens.
Depuis le début de la guerre de Gaza le 7 octobre dernier, Tel Aviv a accentué la répression dans les territoires occupés, multipliant sièges, destruction des ouvrages publics, humiliations et arrestations.
Récemment, en visite en Israël et en Cisjordanie, le Procureur en chef de la CPI, Karim Khan a stigmatisé la colonisation en vigueur dans les colonies.
“J'insiste sur le fait que la violence des colons est inacceptable”, a-t-il martelé dans un message vidéo.
“C'est quelque chose sur laquelle nous enquêtons. Nous avons mené une enquête et nous accélérons les enquêtes. Aucun colon israélien armé d'une idéologie et d'une arme ne peut penser que la chasse est ouverte aux Palestiniens”, a averti le magistrat international.
Malgré ces mises en garde et dénonciations, des multinationales s'obstinent à investir dans les colonies israéliennes en Cisjordanie.
En France, des ONG, associations et syndicats mènent des campagnes pour dénoncer les investissements d’entreprises françaises en Cisjordanie.
Les investissements de Carrefour, spécialisé dans la grande distribution, sont dénoncés. L'entreprise dispose de plusieurs enseignes opérant en franchise dans les territoires occupés de Cisjordanie.
En mars 2022, explique à TRT Français un porte-parole de l’ONG Survie, “Carrefour a signé un contrat avec les entreprises israéliennes, Electra consumer products et Yenot Bitan, pour l’ouverture de 150 magasins dans les territoires palestiniens occupés de Cisjordanie et la société d'assurance AXA finance des projets dans les colonies”.
“Or ces deux sociétés sont, directement par leur activité, et indirectement par leur appartenance au groupe Elco, impliquées dans les activités de colonisation menées par Israël dans les territoires palestiniens occupés (TPO)“, insiste Survie, relevant que “le transfert des ressortissants de la puissance occupante pour coloniser un territoire occupé est une violation de l’article 49 de la quatrième Convention de Genève et un crime de guerre en vertu du Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI)”.
Outre ces entreprises, il y a aussi des banquiers et assureurs qui ont misé sur la colonisation en Cisjordanie pour engranger des bénéfices.
“La multinationale française d’assurances AXA investit près de 7 millions de dollars dans trois banques israéliennes (Bank Leumi, Bank Mizrahi-Tefahot et Israel Discount Bank). Parce que ces trois banques financent les colonies illégales d’Israël, elles sont citées dans la base de données des Nations Unies sur les entreprises complices de l’entreprise illégale de colonisation israélienne”, dénonce un porte-parole de Survie au nom d’un collectif d’ONG françaises impliquées dans la campagne BDS (Boycott, désinvestissement, Sanctions, mouvement qui œuvre pour le boycott d’Israël).
L’implication des entreprises françaises est aussi confirmée dans la construction du tramway de Jérusalem. Systra, Egis, Alstom : trois champions français, dont l'État est actionnaire, ont apporté le savoir-faire hexagonal dans la construction et l'exploitation de ce réseau de transport urbain qui relie l’est de la vieille ville (sous occupation) à l’ouest en “violant des territoires palestiniens”.
La société civile française s’est fortement impliquée pour éveiller la conscience de l’opinion publique et amener les entreprises et le gouvernement à respecter leurs engagements sociétaux et de protection des droits humains.
Un combat qui est encore d’actualité. Le 28 novembre, Josep Borrell, Haut représentant de l'Union européenne (UE) pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, s'est dit "consterné” d'apprendre qu'en pleine guerre contre les Palestiniens à Gaza, Israël va allouer de nouveaux fonds à la construction de nouvelles colonies illégales en Cisjordanie.
Borrell s'est exprimé, lundi dernier, lors de l'ouverture du 8e forum régional de l'Union pour la Méditerranée (UPM) à Barcelone, en Espagne, une rencontre qu'il a coprésidé avec le ministre jordanien des Affaires étrangères, Ayman al-Safedi.“Je suis consterné d'apprendre qu'en pleine guerre, Israël va allouer de nouveaux fonds à la construction de nouvelles colonies illégales. Ce n'est pas de la légitime défense. Cela ne rendra pas Israël plus sûr. Les colonies constituent une grave violation des droits de l'homme internationaux et la plus grande responsabilité d'Israël en matière de sécurité", a-t-il partagé sur le réseau social X après son discours, rapporte l’agence de presse Anadolu.
L’ONU qui travaille sur la question est en harmonie avec la position de L’Union européenne.