Les discussions reprennent, ce dimanche au Caire, sur les moyens de parvenir à la paix dans la guerre d’Israël contre le Hamas à Gaza, sur fond de divergences et d'accusations réciproques des belligérants d'entraver tout accord.
Samedi, une délégation du Hamas dirigée par Khalil al-Hayya a eu un premier round de discussions au Caire avec les médiateurs qui attendaient la réponse du mouvement palestinien à la contre-proposition israélienne.
Il n'y a eu "aucune évolution" samedi et de nouvelles discussions sont prévues dimanche, a indiqué un responsable du Hamas, mouvement qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007.
Un haut responsable israélien a affirmé, sous couvert d'anonymat, que des signes de progrès seraient visibles si le chef du Mossad, David Barnea, emmenait une délégation israélienne au Caire.
Selon lui, "des négociations longues et difficiles sont à attendre pour parvenir à un réel accord".
Vendredi, le Hamas avait indiqué aller au Caire dans un "esprit ouvert", tout en insistant sur ses exigences : "un arrêt total de l'agression" israélienne et "le retrait" des forces israéliennes de Gaza.
Pour le Hamas, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, entrave tout accord en voulant lancer un assaut à Rafah. Un responsable israélien a, à son tour, accusé, samedi, le mouvement palestinien de bloquer tout accord en insistant sur son exigence d'un arrêt de la guerre.
"Vous sapez tout accord"
Le Hamas "entrave" la possibilité de parvenir à un accord de trêve, a déclaré à l'AFP à Jérusalem, un responsable israélien sous couvert d'anonymat.
Un responsable du Hamas a répété, samedi à l'AFP, que son mouvement n'accepterait "en aucun cas un accord ne prévoyant pas explicitement un arrêt de la guerre".
"Nos informations confirment que (Benjamin) Netanyahu freine en personne un accord par calculs personnels", a également affirmé ce responsable ayant requis l'anonymat.
L'offre des médiateurs (Égypte, Qatar, États-Unis) présentée, fin avril, au Hamas prévoit une trêve associée à une libération de prisonniers palestiniens contre celle d'otages enlevés pendant l'attaque du 7 octobre.
Israël a toujours rejeté ces conditions du Hamas qu'il a juré d'anéantir après l'incursion du 7 octobre.
"Au-delà de l'acceptable"
Alors que les efforts et appels en vue d'une trêve se multiplient, Benjamin Netanyahu ne cesse de déclarer son intention de mener une offensive terrestre sur Rafah, ville qui constitue, selon lui, le dernier grand bastion du Hamas dans le territoire palestinien.
"Nous ferons ce qui est nécessaire pour gagner et vaincre notre ennemi, y compris à Rafah", a redit cette semaine M. Netanyahu en soulignant qu'il lancerait cette offensive "avec ou sans accord" de trêve.
Pour Hossam Badran, membre du bureau politique du Hamas, les menaces de M. Netanyahu contre Rafah "visent clairement à faire échouer toute possibilité d'accord".
Les États-Unis, principal allié d'Israël, ont maintes fois manifesté leur opposition à un assaut sur cette ville, où s'entassent 1,2 million de Palestiniens, la plupart déplacés par la guerre.
Les États-Unis ne peuvent soutenir une telle opération "car les dommages qu'elle causerait seraient au-delà de ce qui est acceptable", a affirmé le secrétaire d'État Antony Blinken, alors que le mouvement étudiant contre l'offensive israélienne se poursuit dans le monde.
Rafah, située à la frontière fermée de l'Egypte, est le principal point de passage terrestre de l'aide humanitaire.
Une offensive serait "un coup dur pour les opérations humanitaires dans l'ensemble de la bande de Gaza", a averti le Bureau des Affaires humanitaires de l'ONU.
L'aide internationale, strictement contrôlée par Israël, arrive au compte-gouttes dans la bande de Gaza et reste très insuffisante pour répondre aux besoins des quelque 2,4 millions de Gazaouis.
Sur le terrain, de nouvelles frappes israéliennes ont visé la bande de Gaza et notamment Rafah, faisant 32 morts ces dernières 24 heures, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste Hamas, qui a fait état d'un bilan total de 34.654 morts depuis le début de la guerre dans le territoire palestinien.
Israël poursuit sa guerre malgré l'adoption d'une résolution de cessez-le-feu immédiate par le Conseil de sécurité de l'ONU et malgré sa comparution devant la Cour internationale de Justice pour des crimes de "génocide".