La frappe, qui a suscité une vague de critiques internationales, survient après près de six mois d'une guerre dévastatrice menée par Israël contre la bande de Gaza.
Elle a tué lundi à Deir al-Balah (centre) sept membres de World Central Kitchen (WCK, basée aux Etats-Unis) qui venaient de décharger "plus de 100 tonnes de nourriture amenées à Gaza par voie maritime", selon l'ONG.
Les dépouilles des six Occidentaux (une Australienne, un Polonais, un Américano-canadien et trois Britanniques), qui ont été tués avec un humanitaire Palestinien, sont arrivées mercredi soir en Egypte, ont annoncé des sources sécuritaires égyptiennes. Elles ont été remises à des représentants de leurs pays en vue de leur rapatriement.
WCK a annoncé suspendre ses opérations dans la région.
Colère et préoccupation
L'ONG qui s'est dite "dévastée" par la mort de ses collaborateurs avait, depuis le 7 octobre, fourni des repas dans le territoire palestinien, où la majorité des quelque 2,4 millions d'habitants sont menacés de famine selon l'ONU.
Elle avait participé à la mi-mars à l'envoi à Gaza d'un premier bateau d'aide depuis Chypre.
Mercredi, le Premier ministre australien Anthony Albanese a exprimé sa "colère et préoccupation" à son homologue israélien, la Pologne ayant annoncé convoquer l'ambassadeur d'Israël pour discuter de "responsabilité morale, politique et financière" d'Israël.
La veille, le Royaume-Uni avait annoncé convoquer l'ambassadeur d'Israël afin d'exprimer sa "condamnation sans équivoque" de la frappe israélienne.
L'ONU a, quant à elle, dénoncé un "mépris du droit humanitaire international" et de ses travailleurs, le président américain Joe Biden s'est dit "indigné", estimant qu'Israël ne protège "pas assez" les personnes venant en aide à la population palestinienne "affamée".
Depuis le début de la guerre, 196 travailleurs humanitaires ont été tués, dont 175 de l'ONU, selon son Secrétaire général, Antonio Guterres.
Outre le bilan humain et les destructions, la guerre a provoqué une catastrophe humanitaire dans le territoire assiégé où l'aide humanitaire, strictement contrôlée par Israël, entre au compte-gouttes.
Un couloir maritime, ainsi que des parachutages d'aide, ont été mis en place en raison de la difficulté de faire entrer des vivres par voie terrestre mais de nombreux pays et organisations humanitaires jugent que la voie terrestre est la plus à même de permettre l'acheminement de l'énorme aide dont la population a besoin.
A Gaza, des images montrent des cohortes d'hommes marchant à travers les décombres le long d'une route où se succèdent immeubles éventrés et magasins fermés.
Nouveaux raids à Gaza et Jénine
Israël a continué à frapper Gaza mercredi dans la soirée.
L’armée israélienne a tué plusieurs Palestiniens, dont deux enfants en bas âge, après avoir frappé une maison dans le quartier de Tal al Sultan, à l'ouest de la ville de Rafah, dans la bande de Gaza assiégée, selon les médias locaux et des témoins.
Des images prises à l'hôpital Koweït de Rafah montrent les corps ensanglantés de deux fillettes palestiniennes, tuées lors de l'attaque israélienne, allongées sur une civière médicale.
Des équipes de la protection civile et des habitants de la région menaient des opérations de recherche et de sauvetage sur le site de l'explosion.
Des avions de guerre israéliens ont tué une personne et blessé plusieurs autres lors d'une frappe aérienne sur la maison de la famille Nemruti dans la bande de Gaza centrale, selon l'agence de presse palestinienne WAFA.
Une autre frappe aérienne près du Centre médical Nasser à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, a fait un mort et plusieurs blessés.
Une personne a également été tuée dans le quartier de Zeitoun, à l'est de Gaza, lorsque des soldats israéliens ont ouvert le feu au carrefour de Koweït. La maison de la famille Sabit dans le district de Zawaydah a aussi été visée par une frappe aérienne, faisant plusieurs blessés.
L’armée israélienne a, de plus, effectué des raids, tard mercredi, dans la ville de Jénine, située au nord de la Cisjordanie, et dans son camp de réfugiés.
Des forces d'occupation israéliennes accompagnées de bulldozers ont fait irruption dans la ville de Jénine par plusieurs directions et ont effectué une descente dans le camp, ont rapporté des témoins oculaires à Anadolu.
Ils ont déclaré que des alarmes ont retenti dans le camp alors que les forces israéliennes se sont déployées sur les toits des maisons.
Ils ont signalé des affrontements armés qui ont également éclaté entre les forces israéliennes et des militants palestiniens, avec des sons d'explosions entendus.
Aucune source palestinienne officielle n'a fourni de détails sur la descente ou les affrontements qui l'ont accompagnée, y compris les pertes humaines ou matérielles.
"Risque plausible d'un génocide"
Dans ce contexte, le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU va examiner vendredi un projet de résolution condamnant "le recours par Israël à des armes explosives à large rayon d'action" dans des zones peuplées de Gaza et appelant à un embargo sur les armes pour Israël. Le texte évoque "le risque plausible d'un génocide à Gaza".
Le texte a été présenté par le Pakistan, au nom de 55 des 56 pays membres de l'ONU faisant partie de l'Organisation de coopération islamique (OCI), l'exception étant l'Albanie.
Il appelle à cesser tout transfert d'armes, munitions et autres équipements militaires, et souligne les effets des armes explosives sur les hôpitaux, les écoles, les abris et l'alimentation en eau et électricité à Gaza, dénonçant "l'usage des privations sur les civils comme une méthode de guerre".
Sur le front des négociations autour d'un projet de trêve, le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a accusé mercredi Israël de tergiverser. Le bureau du Premier ministre israélien a fait savoir que son équipe de négociateurs était revenue d'un nouveau cycle de négociations au Caire. Une affirmation démentie par un dirigeant du Hamas.
Depuis une incursion transfrontalière du Hamas le 7 octobre 2023, l'offensive israélienne dans la bande de Gaza a fait près de 33.000 morts et causé des destructions massives et des pénuries de produits de première nécessité.