"Au moins une quinzaine de parlementaires (La France Insoumise]) sont directement menacés de mort" en raison des polémiques sur la position adoptée par le parti politique de gauche sur le conflit israélo-palestinien, a annoncé, ce mardi, la présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale, Mathilde Panot.
Lors d'une conférence de presse au Palais Bourbon, la députée Insoumise a appelé "les autorités publiques" à prendre "la mesure de ce qui est en train de se passer" et a dénoncé un "basculement de seuil inadmissible (...) dans notre pays".
"Nous avons trois des nôtres qui sont sous raids téléphoniques avec des appels absolument constants. Un des nôtres dont la famille a été visée et directement menacée de mort et au moins une quinzaine de parlementaires qui sont directement menacés de mort par différentes voies et notamment par courrier", a également expliqué Mathilde Panot, ajoutant que chaque menace donnait lieu à des plaintes déposées par LFI.
"Nous sommes les partisans de la paix et de ceux qui continuent la ligne diplomatique traditionnelle de la France depuis Charles de Gaulle pour dire que nous ne voulons pas que ce qui se passe en Israël et en Palestine continue avec des dizaines de milliers vies que nous pouvons épargner si la France se met à parler d'une voix forte pour appeler au cessez-le-feu immédiat".
La position de la France Insoumise.
Pour rappel, la semaine dernière, la présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale a appelé l'Exécutif français à retrouver la "voix indépendante" sur la question israélo-palestinienne.
Lors de la séance de questions au gouvernement, la députée LFI a d'abord exprimé la solidarité de son parti avec "les peuples israéliens et palestiniens [qui] souffrent encore une fois", alors que les combats se poursuivent depuis le 7 octobre courant entre des factions palestiniennes et l'Armée israélienne.
"Je souhaite, depuis cette Assemblée, exprimer une pensée emplie d’humanité pour les otages, les civils tués en Israël par les actes de terreur perpétrés par le Hamas ainsi que pour les civils qui, à Gaza, sont tués sous les bombes de Tsahal", avait déclaré Mathilde, avant d’ajouter : "Nous condamnons tous ces crimes de guerre".
"Un seul message doit parvenir du concert des nations en cette heure si grave, une heure qui n'est en rien propice aux polémiques franco-françaises", avait-elle ajouté alors que les députés Les Républicains quittaient l'hémicycle et que le Gouvernement français, ainsi que le Rassemblement national (RN) appelait La France Insoumise à qualifier le Hamas de "groupe terroriste".
"Un seul message doit parvenir du concert des nations : '' Cessez le feu !, avait souligné Mathilde Panot, rappelant qu'il s'agit du "message qui nous vient du Secrétaire général des Nations Unies (Antonio Guterres), du Pape", et du Président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva qui préside actuellement le Conseil de sécurité des Nations unies.
"Cessez le feu, car le pire est à prévoir, quand le ministre de la Défense israélien assiège Gaza en privant deux millions de civils d'eau, d'électricité et de nourriture", avait expliqué Mathilde Panot, décrivant cette décision de "violation du droit international contre laquelle la France ne peut rester silencieuse".
"Nous n'avons eu autant besoin du courage de la paix que dans ces moments" avait-elle ajouté, estimant que la communauté internationale a laissé la situation s'envenimer depuis "trop longtemps", et accusant l'Exécutif français.
Déplorant l'absence d'appel au cessez-le-feu au Proche-Orient ou encore du mot '' paix '', dans les communiqués de l'Élysée et de la Diplomatie française, la présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale a déclaré que la France était en train de "rompre" avec la tradition diplomatique qui est la (sienne) au Proche-Orient depuis 65 ans", à savoir la poursuite d'une solution à deux États et d'une équidistance diplomatique avec la Palestine et Israël.
"Il nous faut œuvrer au rétablissement d'un processus de paix qui mène à deux États, sans quoi les horreurs passées s'amplifieront non seulement des atrocités présentes, mais aussi des désastres à venir", avait souligné Mathilde Panot avant d'ajouter qu'"aucune paix durable ne peut voir le jour sans respect du droit international et sans mettre fin à la colonisation" israélienne des territoires palestiniens.
En conclusion de son discours, la députée LFI avait interrogé la Première ministre Élisabeth Borne.
"Alors, Madame la Première ministre, allez-vous retrouver la voix indépendante qu'a toujours portée la France, de Charles de Gaulle à Jacques Chirac ; la voix de la France qui quand elle parle est écoutée ; la voix de la France qui fait entendre la parole de la paix et ne s'aligne pas sur les positions va-t-en-guerre d'un gouvernement d'extrême droite ; la voix de la France qui ferre et affirme que toutes les vies comptent sans exception ? La France, Madame la Première ministre, va-t-elle retrouver la langue de la paix ?", avait-elle questionné.
Obono accusée d'"apologie du terrorisme"
Pour sa part, le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé, ce mardi, qu'il saisit la justice contre la députée LFI Danièle Obono pour "apologie du terrorisme".
"Le Hamas, '' un mouvement de résistance ''? Non ! c’est un mouvement terroriste. Je saisis le procureur de la République pour apologie du terrorisme", a annoncé Gérald Darmanin, dans sa publication sur les réseaux sociaux.
En réaction à la polémique née de sa déclaration, la députée Danièle Obono a dénoncé la "manipulation".
"Ce matin, sur Sud Radio, j'ai dit que le Hamas était un groupe politique islamiste qui déclare inscrire son action dans la résistance à l'occupation de la Palestine. C'est un fait. Ni une excuse, ni un soutien, si une caution pour ses crimes de guerre abjects contre les civils israéliens, que nous les premiers et premières, à LFI, à avoir dénoncés comme tels. Je demande le jugement de tous ceux qui en sont coupables. Stop aux polémiques", a-t-elle déclaré.
Pour rappel, le débat fait rage en France, depuis le début des combats entre des factions palestiniennes et l'armée israélienne il y a 10 jours, sur la qualification à accorder au Hamas, notamment entre le gouvernement et La France Insoumise.
Dans le contexte des hostilités qui se poursuivent au Proche-Orient, le ministre français de l'Intérieur a interdit toutes les manifestations de soutien à la Palestine en France, invoquant des "raisons de sécurité", autorisant, cependant, les manifestations de soutien à Israël.