Nicolas Sarkozy est mis en cause dans l'affaire dite du financement libyen. (AP)

Selon les révélation Mediapart, ce mardi, les fonds essentiellement convoyés par le financier Pierre Reynaud, ont servi à rémunérer plusieurs intermédiaires.

Dans une vaste enquête, ouverte sous la qualification de subornation de témoin, association de malfaiteurs ou escroquerie en bande organisée, neuf personnes sont, en tout et pour tout, mises en examen.

L’ex-conseillère en image officieuse du couple Macron, Michèle Marchand, dite "Mimi Marchand" fait partie des mis en cause, au même titre qu’Arnaud de la Villesbrunne, ancien directeur de l'agence Publicis, de l'homme d'affaires Pierre Reynaud et de Noël Dubus, un individu déjà condamné pour des faits d'escroquerie.

Les enquêteurs cherchent, depuis 2021, à établir le rôle que Mimi Marchand, aurait notamment pu jouer dans le changement de version de l’homme d’affaires Ziad Takieddine qui accusait jusqu’alors Nicolas Sarkozy, d’avoir bénéficié de financements occultes de la part de Mouamar Kadhafi avant de se rétracter en novembre dernier.

C’est au cours d’une longue interview accordée à Paris Match en 2020, qui avait fait grand bruit, que le franco-libanais avait fini, après des années d’accusations précises sur ledit financement libyen, par opérer un radical changement de version, accusant les magistrats en charge de l’enquête, de l’avoir forcé à mentir.

"Sarkozy n'a pas touché un centime, cash ou pas cash, pour l'élection présidentielle" avait-il affirmé dans les colonnes du magazine.

Des perquisitions ont par ailleurs été menées au domicile de Mimi Marchand ainsi que chez le journaliste qui avait mené l’interview. Ce dernier avait cependant été relâché rapidement, sans poursuites à ce stade.

L’ancien président français (2007-2012) avait très rapidement réagi à la rétractation de Ziad Takieddine via son compte Facebook en annonçant avoir mandaté son avocat pour "déposer une requête en démise en examen. Il avait aussi engagé une procédure pour dénonciation calomnieuse contre Ziad Takieddine dont les précédentes allégations" lui ont "causé un préjudice considérable".

Nicolas Sarkozy s’était réjouit que "la vérité éclate enfin" et assurait que depuis "sept ans et demi, l’instruction n’a pas découvert la moindre preuve d’un quelconque financement illicite".

"Jamais il ne m’a remis d’argent, jamais il n’y a eu de financement illégal de ma campagne de 2007" avait-il martelé dans son message. Il demandait en outre que "les autorités judiciaires fassent la lumière sur les graves accusations portées quant à l’impartialité de certains magistrats".

Pour rappel, l'ex-ministre de l'intérieur Claude Guéant et Nicolas Sarkozy sont soupçonnés par la justice française d’avoir reçu plusieurs valises d’argent en provenance de Lybie en 2006 et 2007 et qui auraient servi entre autres, à financer la campagne présidentielle de 2007.

L'enquête, ouverte en 2013 par les juges d'instruction du parquet financier de Paris, est menée par les magistrats Serge Tournaire et Aude Buresi. L’homme d'affaires Alexandre Djourhi est de son côté soupçonné d’avoir joué les intermédiaires.

Malgré les dénégations de l’entourage de Nicolas Sarkozy, le 22 mai 2018, la chaîne France 2 avait diffusé une interview exclusive de Moftah Missouri, ancien conseiller et interprète du colonel Kadhafi dans laquelle il a déclaré que l’ex- président libyen "a aidé Sarkozy" en lui fournissant "de l’argent" pour le financement de sa campagne électorale de 2007.

Son témoignage a ensuite été corroboré dans le même reportage par celui de l’ancien directeur de cabinet du colonel Kadhafi, Béchir Saleh. Filmé en caméra cachée, l’homme a admis que "Kadhafi avait un budget spécial pour les personnes qu'il souhaite soutenir" et affirmé "oui c’est vrai" concernant les accusations de financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy.

L’homme d'affaires Ziad Takieddine et ancien homme de main de Kadhafi apparaissait également dans le reportage de France 2. Il y a réitéré les accusations qu’il a toujours portées depuis le début de cette affaire apparue, à la suite de la publication par le journal en ligne Mediapart en avril 2012, de documents indiquant que 50 millions d’euros auraient été versés par le régime libyen à Nicolas Sarkozy.

Ce dernier est notamment mis en examen pour "association de malfaiteurs" pour ces faits, au même titre que les deux anciens ministres de Nicolas Sarkozy, Claude Guéant et Brice Hortefeux.

AA