By Firmain Eric Mbadinga
Le Centre de soins des tortues marines de Sfax est l'un des rares en Afrique à fournir une assistance, un traitement et une réhabilitation aux tortues marines connues sous le nom scientifique de Caouanne.
L'espèce la plus répandue en Méditerranée est aussi l'une des plus menacées, notamment dans les côtes africaines où elle est très souvent prise dans des filets de façon volontaire ou accidentelle.
Pour donner une nouvelle chance aux tortues qui finissent entre leurs mains, les membres du centre font donc un suivi au cas par cas de ces animaux qui peuvent atteindre entre 90 cm et 213 cm et dont le poids varie entre 135 et 535 kg.
Parmi les tortues qui ont pu bénéficier des soins du centre de Sfax, il y a Rose, une tortue d'une vingtaine d'années qui a pu à nouveau s'élancer dans la mer pour entamer un nouveau chapitre de sa vie, le large dans l'est de la Tunisie, il y a quelques mois maintenant.
Selon les membres du centre de Sfax, une fois libérées, ces tortues courent les mêmes dangers, à savoir la surpêche et la pollution .
La tortue Rose, elle, s'était prise dans des filets de pêche avant d'être emmenée au Centre de premiers soins des tortues marines de Sfax.
Outre les soins aux tortues blessées qui, comme Rose, peuvent y rester un mois ou plus, le Centre suit, avec des balises, leurs mouvements migratoires, et s'efforce de sensibiliser les populations locales du Golfe de Gabès( sur la côte est de la Tunisie ), qui dépendent en grande partie de la pêche.
L'initiative de protection de Sfax est d'autant plus cruciale que des études révèlent un faible taux de reproduction de cette espèce. En effet, on estime que les femelles effectuent en moyenne quatre pontes, avant d'entrer en quiescence, pour ne pondre à nouveau qu'après deux à trois ans. La caouanne atteint la maturité sexuelle à l’âge de 17 à 33 ans et a une espérance de vie comprise entre 46 et 67 ans.
Comme ce fut le cas pour Rose, au moins 10.000 Caretta Caretta sont chaque année attrapées dans les filets de pêcheurs du Golfe de Gabès. Ce chiffre considérable est perçu comme indicateur concernant la population de l'espèce dans une zone à forte activité industrielle et chimique intense.
Le programme Life Med Turtles vise à améliorer les connexions et les synergies sur les aspects clés de la conservation des tortues .
Les actions menées par le Centre de soins des tortues marines de Sfax, ne laissent pas indifférents, depuis son Congo natal, Karlia Mpendaga, qui bien qu'appréciant la viande de tortue, reconnaît qu'il faut penser aussi la préservation de l'espèce.
''Même si j'apprécie bien leur goût, je pense néanmoins que la consommation de cette espèce doit se faire de façon à en assurer la pérennité. Je pense en effet que l'initiative d'en faire une espèce protégée est bonne parce que les tortues pondent 2 ou 3 fois dans l'année. Une tortue pond moins de 15 œufs. Alors, si la consommation est excessive, l'espèce risque de disparaître'' explique-t-elle à TRTAfrika la voix tremblotante.
À la presse, Imed Jribi, le responsable du centre de premiers soins de Sfax, a confié dans une sorte de bilan que ''depuis la création du centre à l'été 2021, près de 80 tortues y ont été traitées avant d'être relâchées en mer.''
En plus de la pêche et de la pollution marine, l'autre grande menace des tortues, c'est le réchauffement climatique. À propos de la menace climatique, une étude étude publiée mercredi 8 février par The Royal Society Open Science Journal, la hausse des températures a une incidence sur ''la survie des populations de tortues de mer''.
''Ces reptiles pondent en effet leurs œufs dans le sable, qui se réchauffe. Or, la détermination du sexe des futures tortues dépend, non pas des chromosomes, mais des températures pendant la période d’incubation : plus il fait chaud, plus il y aura de femelles. Et donc, à terme, il y aura moins de bébés'' explıque le journal.