Le vice-président du Conseil souverain de transition soudanais, Malik Agar, s’est rendu en Russie pour finaliser un accord sur l’établissement d'un centre de soutien naval russe sur la mer Rouge en échange de livraisons urgentes d'armes et de munitions, a annoncé le gouvernement soudanais dans un communiqué publié le lundi 3 juin 2024.
Le numéro deux du régime militaire qui dirige le Soudan depuis le coup d’Etat mené par le général Abdel Fattah Al-Burhan en octobre 2021 "rencontrera le président Vladimir Poutine pour discuter des moyens d'améliorer les liens entre la Russie et le Soudan", a-t-on ajouté de même source.
Les ministres soudanais des Finances, des Mines et des Affaires étrangères font également partie d’une délégation qui accompagne M. Agar lors de cette visite de plusieurs jours, dont le programme comprend la participation à un forum économique à Saint-Pétersbourg.
La visite de cette délégation soudanaise à Moscou a été annoncée le 25 mai dernier par le lieutenant-général Yassir al-Atta, membre du Conseil souverain de transition dirigé par l'armée soudanaise, le samedi 25 mai 2024.
"La Russie a proposé une coopération militaire par le biais d'un centre de soutien logistique naval et non d'une base militaire complète. Nous avons accepté cette proposition, mais avons suggéré d'étendre la coopération à des aspects économiques tels que des entreprises agricoles, des partenariats miniers et le développement de ports. La Russie a accepté ce champ d'application élargi", avait déclaré ce commandant en chef adjoint de l'armée soudanaise dans une interview accordée à la chaîne de télévision saoudienne Alhadath TV.
L’accord de coopération militaire intervient alors que l'armée soudanaise s'efforce de reconquérir des pans entiers du territoire perdus au profit des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) dirigées par l’ex-numéro deux du régime, Mohamed Hamdan Daglo, dit "Hemedti", dans le cadre d'une guerre fratricide qui a éclaté en avril 2023 entre les généraux.
Khartoum estime que la coopération militaire avec Moscou est d'autant plus nécessaire que les pays occidentaux ont été incapables de mettre fin à l’envoi d’armes aux FSR.
Le projet de base navale russe au Soudan remonte à 2017. Le président Poutine, et son homologue soudanais, Omar el-Bechir, avaient alors signé un accord stipulant que Moscou obtiendrait un bail de 25 ans pour construire une base navale à Port-Soudan, le principal port du pays. Cette base devait permettre d’accueillir 300 hommes et jusqu’à quatre navires de guerre. Mais le projet a été mis en veilleuse après la chute d’el-Bechir en 2019. D’autant plus que Khartoum s’est rapproché, pendant cette période de transition démocratique, des chancelleries occidentales et a bénéficié d’un important soutien économique des Etats-Unis.
Le retour des militaires au pouvoir, à la faveur du coup d’Etat mené par le général Abdel Fattah al-Burhan en octobre 2021, a cependant favorisé un nouveau rapprochement entre Moscou et Khartoum. Il y a un an, un nouvel accord a été conclu entre les deux pays, lors d’une visite du chef de la diplomatie russe à Khartoum, pour l’installation d’une base navale à Port-Soudan. Deux mois plus tard, la guerre opposant les généraux a éclaté et l’accord a été à nouveau abandonné.