Par Firmain Eric Mbadinga
Paul Anicet Mounziégou a mis le paquet pour 2024. L'écrivain gabonais a sorti une bande dessinée, un roman en espagnol et un autre en français.
Le dernier des trois ouvrages, intitulé "Prisonnière de mon handicap", résume l'engagement de l'auteur pour la cause des personnes vivant avec un handicap.
L'écrivain n'en est pas à son premier ouvrage sur les questions sociales et dans ''Prisonnière de mon handicap'', Paul Anicet Mounziégou ne trahit pas sa réputation.
'' Le roman présente les conditions difficiles dans lesquelles vivent les personnes handicapées. J'ai voulu mettre en évidence le double désavantage auquel les personnes handicapées sont confrontées", explique l'auteur à TRT Afrika.
Le double fardeau qu'expose l'auteur comprend à la fois une société extérieure qui discrimine les personnes vivant avec un handicap et des conditions de vie familiales de ces personnes avec des parents qui surprotègent les enfants handicapés, les gardant chez eux comme des prisonniers.
Le regard discriminatoire
Dans le roman, Tsora, le personnage principal, est une jeune fille née avec une déficience auditive, que sa mère surprotège au point de la laisser rarement voir le monde extérieur. Née prématurément, Tsora a vécu dans ces conditions de la naissance à l'âge adulte.
Selon sa mère, Manima, c'est le seul moyen efficace d'échapper au regard discriminatoire des habitants de Pungu, la ville imaginaire dans laquelle vivent les personnages.
"À dix-huit ans, elle rencontre Ibaba, un jeune plombier malentendant. Ils tombent amoureux et se promettent de se marier. Malheureusement, cette décision n'est pas approuvée par sa mère" ajoute Paul Anicet.
Ces éléments perturbateurs de l'histoire interagissent et font remonter à la surface tous les préjugés sur le handicap auxquels Paul Anicet s'oppose.
''Ce roman a pour but d'attirer l'attention sur la société en général, afin que nous devenions une société qui accepte les autres comme étant différents, une société qui accepte les handicaps des autres.Au-delà de la fiction, la réalité est que les personnes handicapées sont parfois victimes d'un manque de formation et d'éducation. Ici au Gabon, ces personnes n'ont toujours pas de véritable épanouissement intellectuel", explique le romancier à TRT Afrika.
Le message et le style d'écriture de l'auteur sont compréhensibles de l'avis de ceux qui ont lu le roman.
''Prisonnière de mon handicap'' est avant tout une ode à l'inclusion, un réquisitoire contre les discriminations et les marginalisations de toutes sortes. L'histoire de Tsora est en soi un plaidoyer en faveur des personnes vivant avec un handicap. Mais l'histoire prend aussi clairement position en faveur de l'altérité", commente le critique littéraire.'' témoigne Paul Armand Ntogue, l'un des préfaciers du roman.
Le thème principal du roman reste d'un intérêt international, tant d'un point de vue économique qu'humain.
Une plus grande inclusion
Afin d'atteindre les Objectifs de développement durable, communément appelés ODD, les Nations unies encouragent une plus grande inclusion sociale et une plus grande attention aux besoins spécifiques des personnes handicapées, quel que soit leur sexe.
Selon les chiffres officiels, au moins 1,3 milliard des 8 milliards d'habitants de la planète souffrent d'un handicap (physique ou moteur). Qu'il soit la conséquence d'un événement dramatique ou congénital, le handicap doit être atténué par le soutien de la société.
Pour Paul Anicet, la société devrait être plus attentive, plus patiente, plus humaine. Il est convaincu que, comme tout le monde, les personnes vivant avec un handicap ont des talents et un grand potentiel qui peut éclore si elles bénéficient d'un soutien adéquat. En ce qui concerne la cible du roman, il s'agit entre autres des parents qui seront sensibilisés à la nécessité de laisser leurs enfants handicapés exprimer leurs talents.
''Il y a des parents de personnes qui ont besoin d'être sensibilisés à la nécessité de laisser leurs enfants handicapés exprimer leurs talents. Les jeunes, en général, doivent accepter leurs collègues et camarades de classe vivant avec un handicap. Malgré leur handicap, ces personnes ont du talent. La leçon est de les laisser s'exprimer parce qu'ils font partie de la société", dit-il.
L'argument développé par l'écrivain gabonais sur les talents de tous, quelle que soit la condition physique, a des exemples qui parlent d'eux-mêmes.
Le professeur Stephen Hawking, qui a vécu pendant des années avec un handicap résultant d'une sclérose latérale amyotrophique, a apporté une contribution brillante et distinguée à la recherche scientifique dans les domaines de la cosmologie et de la gravité quantique avant sa mort en 2018.
Pour sa part, le chanteur Stevie Wonder a remporté 25 Grammy Awards et vendu plus de 100 millions d'albums, bien qu'il soit aveugle depuis l'enfance.
Ces deux personnalités éminentes sont des sources d'inspiration pour l'enseignant, qui s'efforce de faire ressortir le meilleur de ceux qui l'entourent.
L'auteur a par ailleurs expliqué à TRT AFRIKA qu'il a dû relever deux défis majeurs pour mener à bien son projet littéraire.
Outre le temps, il lui a fallu trouver une maison d'édition africaine disposant d'un budget raisonnable pour un travail de qualité.
Par cet ouvrage, l'auteur, qui est également interprète en langue des signes, souhaite encourager la société dans son ensemble à pratiquer l'inclusion par des actes quotidiens, plutôt que de se limiter à des discours ou à des déclarations d'intention.