La plupart des tambourinaires ont hérité de ce métier de leurs parents/ Photo : Amani Festival

Par

Kudra Maliro

Oscar Nshirimimana, 46 ans, s'est découvert une passion pour le tambour à un jeune âge.

A 16 ans, il a commencé le métier de tambourinaire, après le décès de son père, lui-même tambourinaire installé dans le sanctuaire de Gishora.

« Je dirige un groupe de 37 tambourinaires âgés de 7 à 80 ans. Nous avons aussi un vieux tambourinaire (très âgé ndlr) », dit Oscar Nshirimana à TRT Afrika.

La plupart des tambourinaires ont hérité ce métier de leurs parents. Ces tambours sont joués lors de rares cérémonies dans le pays. Selon la culture Burundaise, les tambours ne doivent pas être joués aux mariages ni pendant des funérailles.

La plupart des tambourinaires ont hérité de ce métier de leurs parents/ Photo : Amani Festival

« Nous jouons les tambours à l’occasion des festivités de l’indépendance du Burundi ou encore lors de la visite de chefs d’Etats. Nous aimerions être invités aux différents festivals à travers le monde’’ ajoute M. Nshirimimana.

De père en fils

Comme autrefois, le métier de tambourinaire se transmet de père en fils. Les femmes ne sont pas autorisées à jouer de cet instrument. L'interdiction trouve son origine dans la tradition.

À noter que dans la mythologie burundaise, le tambour est considéré dans une certaine mesure comme une représentation du corps de la femme et il n’est pas admis que celle-ci joue de son propre corps.

Les spectacles de tambourinaires burundais mêlent danses, chants et cris. Qu’ils soient amateurs ou professionnels, les chants des groupes de tambourinaires louent et rappellent l’histoire du pays ainsi que la bravoure des souverains de l’ancien royaume du Burundi.

La plupart des tambourinaires ont hérité de ce métier de leurs parents/ Photo : Amani Festival

Plusieurs burundais interrogés par TRT Afrika se disent fiers de voir les tambourinaires montrer au monde une image positive du Burundi. En effet, les Burundais restent attachés à leurs traditions : habits, tambours et colliers avec le drapeau du pays.

« Je connais ce groupe depuis l’âge de 10 ans car la commune de Gishora est située non loin de ma ville natale. Ces tambourinaires de Gishora sont des icônes de la culture burundaise d’autant plus que les tambours burundais sont inscrits au patrimoine de l’UNESCO », s’enthousiasme Félix Kwizera.

« Une fierté nationale »

La plupart des tambourinaires ont hérité de ce métier de leurs parents/ Photo : Amani Festival

Pour protéger les tambours du Burundi - classés aux patrimoines immatériels de l’Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture UNESCO - le gouvernement réglemente depuis 2017 leur exploitation au niveau national et international.

Les « ingoma » se déclinent en plusieurs catégories de tambours. Karyenda était une divinité tambour. Il était l’un des deux tambours dynastiques symbolisant la légitimité monarchique jusqu’au déplacement de la Cour à Gishora, au début des années 1930.

Il incarnait la naissance de l’univers et l’espace-temps dans la cosmogonie burundaise. Celle-ci était célébrée avec faste par l’Umuganuro, la fête des semailles de sorgho, jusqu’aux débuts de la colonisation belge.

Ezéchiel Nibigira, ministre burundais de la culture explique à TRT Afrika que ces tambourinaires de Gishora font la fierté du pays et promet que le gouvernement continuera à les assister.

La plupart des tambourinaires ont hérité de ce métier de leurs parents/ Photo : Amani Festival

« Plusieurs touristes viennent au Burundi juste pour voir ces tambourinaires et cela leur fait plaisir…Nous avons comme projet de commencer à battre des tambours juste pour les touristes’’ ajoute le ministre Nibigira.

TRT Afrika