Par Sylvia Chebet
Le slogan "Oui, nous pouvons vaincre la tuberculose" n'est pas un slogan de plus. Le thème de la Journée mondiale de la tuberculose de cette année, commémorée le 24 mars, reflète les progrès scientifiques en matière de prévention et de traitement de la tuberculose qui ont aidé l'Afrique à maîtriser cette maladie hautement infectieuse.
Une étude clinique récente menée au Cap, en Afrique du Sud, révèle que le médicament le plus puissant contre le VIH fonctionne bien avec l'un des meilleurs traitements préventifs contre la tuberculose.
D'une manière générale, le traitement préventif de la tuberculose (TPT) consiste en une série d'un ou plusieurs médicaments antituberculeux administrés dans le but de prévenir le développement de la tuberculose, explique l'Organisation mondiale de la santé.
Les experts qui ont participé à la dernière étude ont découvert qu'un traitement préventif de courte durée, administré une fois tous les sept jours pendant 12 semaines, pouvait améliorer des vies et prévenir des décès.
Le Dr Ethel Weld, professeur adjoint de médecine à la faculté de médecine de l'université Johns Hopkins (États-Unis) et chercheur principal de l'étude, déclare que les données disponibles prouvent que la combinaison est "sûre et bien tolérée".
Cela rassure les cliniciens quant à l'opportunité d'instaurer un traitement préventif précoce de la tuberculose chez les personnes présentant un risque élevé de tuberculose.
"Nous savons que près de 200 000 personnes séropositives meurent chaque année de la tuberculose. Ce qui est très triste et tragique, c'est que chacun de ces décès pourrait être évité", explique-t-elle.
"En effet, le traitement combiné a le potentiel de prévenir les cas de tuberculose et toutes les conséquences qui en découlent, à savoir non seulement la mort, mais aussi des conséquences terribles pour les familles et les proches. Il y a aussi l'invalidité et les charges économiques et sociales catastrophiques auxquelles il faut faire face", ajoute le Dr Weld.
Ces nouveaux résultats sont particulièrement significatifs pour l'Afrique subsaharienne, où le fardeau de ces deux maladies est très lourd.
À l'échelle mondiale, la tuberculose provoque 1,3 million de décès chaque année et affecte des millions d'autres personnes, avec d'énormes répercussions sociales et économiques sur les familles.
Pour un patient, le fardeau de la lutte contre ces deux maladies potentiellement mortelles - qui s'aggravent l'une l'autre - est immense.
Ces deux maladies nécessitant des médicaments puissants qui laissent souvent les patients exsangues, le Dr Weld explique qu'il était essentiel de trouver un traitement de courte durée capable d'éradiquer la tuberculose à un stade précoce.
"Au moment où ils sont le plus vulnérables, les médicaments doivent être supportables pour que les patients aient une chance d'aller jusqu'au bout du traitement", souligne-t-elle.
Un cycle thérapeutique rigoureux
Pour que le traitement combiné soit efficace, il doit être administré peu de temps après le diagnostic, explique le Dr Weld.
Le microbe de la tuberculose est presque partout, mais les personnes ayant une forte immunité sont épargnées par la maladie. Chez les autres, il reste inactif ou latent et se transforme en tuberculose à part entière lorsque leur immunité est compromise, expliquent les experts.
"Nous devons nous rappeler que si nous pouvions nous débarrasser de l'infection tuberculeuse latente, l'éradiquer lorsqu'elle n'est qu'une braise et pas encore un feu de forêt, nous pourrions éviter la tuberculose. De même, nous pourrions éviter tous les décès dus à la tuberculose", déclare le Dr Weld.
Les experts ont préconisé l'adoption de cette approche dans tous les pays où la tuberculose est répandue.
"La seule façon de mettre fin à la tuberculose est de prévenir systématiquement les nouveaux cas. Nous avons maintenant la recette pour y parvenir", explique à TRT Afrika Gavin Churchyard, directeur général de l'Aurum Institute, une organisation de soins de santé basée à Johannesburg.
Le Dr Weld est tout à fait d'accord. "Une once de prévention vaut une livre de guérison, et chaque fois que cela est possible, il est préférable d'agir tôt", dit-elle.
Le mandat mondial de l'OMS
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a sensibilisé le public à la manière dont la science a permis d'enrayer la tuberculose avec un succès prédictif.
"Aujourd'hui, nous disposons des connaissances, des outils et de l'engagement politique nécessaires pour mettre fin à cette maladie millénaire qui reste l'une des principales causes de mortalité infectieuse dans le monde", déclare le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'OMS.
Toutefois, l'élargissement de l'accès au traitement préventif de la tuberculose a été lent. Selon l'OMS, les progrès dans la mise au point de nouveaux diagnostics, médicaments et vaccins contre la tuberculose sont toujours entravés par l'insuffisance des investissements dans ces domaines.
Pourtant, il est prouvé que des investissements modestes pourraient avoir des effets bénéfiques importants sur la santé et l'économie dans différents pays, avec un retour sur investissement pouvant aller jusqu'à 39 dollars pour chaque dollar investi.
Appel à une action concertée
La prévention de l'infection et l'arrêt de la progression de l'infection vers la maladie sont essentiels pour réduire l'incidence de la tuberculose et mettre fin à cette maladie mortelle.
Pour ce faire, il est essentiel de proposer un traitement préventif de la tuberculose aux personnes à haut risque.
"Si la tuberculose est si stigmatisée, c'est en partie parce qu'une fois que l'on a contracté la maladie, on peut la transmettre à ses proches", explique le Dr Weld.
"Mais aujourd'hui, le nouveau traitement combiné offre aux patients un outil pour protéger leur famille, en particulier les personnes âgées à domicile. Il est rassurant de savoir que je dispose de cet outil".
Le docteur Tereza Kasaeva, directeur du programme mondial de lutte contre la tuberculose de l'OMS, affirme que l'organisation continuera à jouer un rôle de chef de file mondial dans la lutte contre la tuberculose.
"L'OMS travaillera avec toutes les parties prenantes jusqu'à ce que nous atteignions et sauvions chaque personne, famille et communauté touchée par cette maladie mortelle.