Par Rachida Houssou
Au Bénin, sur 10 femmes atteintes du cancer du sein, 06 ou 05 meurent selon le point focal cancer dans le pays, le chirurgien cancérologue docteur Freddy GNAGNON, alors qu’en Europe, la médecine parvient à sauver 09 femmes pour le même ratio.
Plusieurs facteurs sous-tendent ce constat. Docteur Freddy GNANGNON en souligne surtout deux.
D’abord, le diagnostic tardif, " nos patientes consultent lorsque la tumeur est très avancée, lorsqu’on ne peut plus rien faire pour ces tumeurs" note-t-il.
Une étude réalisée au Centre Hospitalier et Universitaire de la Mère et de l'Enfant Lagune (CHU MEL) montre que 70 % des Béninoises consultent avec un cancer du sein au stade très avancé.
Mais le deuxième facteur est lié au problème d’accès aux soins. Le Bénin est très peu équipé dans la lutte contre le cancer féminin le plus meurtrier sous nos cieux. Contrairement à plusieurs autres pays de la sous région, ici, il n’existe pas de radiothérapie.
Toutes les femmes qui en ont besoin au cours du traitement sont évacuées vers d'autres pays. Sur place, les patientes disposent seulement de la chirurgie et de la chimiothérapie.
Cependant cette chimio n’est disponible qu’au CNHU et dans quelques cliniques privées. "Nous espérons avoir notre premier appareil de radiothérapie fonctionnel au Bénin avec l’hôpital d’Abomey Calavi qui sera inauguré nous l’espérons dans les mois à venir " relativise le point focal cancer Dr GNANGNON.
Le Bénin dispose de spécialistes en médecine nucléaire, mais pas de service de médecine nucléaire fonctionnel.
La pathologie n’est pas classée parmi les maladies prioritaires dans le pays, toutefois il s’agit d’un réel problème de santé publique. Pour une population d’environ 11 millions d’habitants, en 2020, 1066 cas de cancers du sein ont été enregistrés au Bénin.
La planète connaît une évolution considérable en matière de lutte contre le cancer. Il existe par exemple des soutiens-gorges permettant de dépister le cancer du sein, renseigne docteur Freddy GNANGNON.
Ces innovations dans la prévention et le traitement dans la grande majorité restent le privilège des pays développés ajoute t-il.
Le Bénin investit dans les soins palliatifs
Les soins palliatifs constituent un ensemble de soins pour accompagner les personnes en fin de vie.
"Un soin ou des soins destinés aux personnes pour lesquelles la médecine curative est au bout de ses limites. Un soin complet d’accompagnement qui peut être physiologique, spirituel, de bien être" fait savoir le docteur Liz Hélène ADJAHI.
"Le Bénin est l’un des rares pays d’Afrique de l’ouest qui s’est doté d’un programme de soins palliatif" se réjouit le médecin Freddy GNANGNON.
Il est vrai que le programme n’est pas exclusivement dédié qu’aux malades du cancer en phase terminale, mais 80% des patients souffrent du cancer informe le spécialiste.
Durant le mois d’octobre, quelques ONG organisent des séances de dépistage et de sensibilisation, puis on remballe tout, en attendant le prochain mois d’octobre ! La lutte contre cette maladie faisant des ravages dans le rang des femmes devrait aller au-delà de ces actions superficielles.
Le point focal cancer estime que la société civile ne s’implique pas assez dans ce combat. « Il m’a été donné de visiter plusieurs pays d’Afrique où des associations s’impliquent fortement et font des plaidoyers et obtiennent des gouvernements que la prise en charge des cancers soit améliorée et ça porte ses fruits dans plusieurs pays africain » témoigne Freddy GNANGNON.