Plus de 600 millions de personnes dans le monde souffrent de lombalgies chroniques. Photo / Reuters

Par Sylvia Chebet

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié des lignes directrices sur la prise en charge de la lombalgie chronique, qui énumèrent les interventions destinées aux professionnels de la santé - celles à utiliser et celles à ne pas utiliser dans le cadre des soins de routine.

Ces lignes directrices déconseillent l'utilisation d'analgésiques opioïdes, qui pourraient entraîner une dépendance ou une overdose. Il déconseille également certaines thérapies physiques, telles que la traction - le fait de tirer sur une partie du corps - et l'utilisation d'attelles et de ceintures lombaires.

Il s'agit de l'une des 14 interventions qui, selon l'OMS, pourraient être plus nocives que bénéfiques et ne devraient pas être proposées systématiquement.

Il est conseillé aux professionnels de la santé d'aider les patients à s'informer sur les options et les stratégies d'autogestion disponibles et de leur apporter un soutien psychologique.

L'OMS estime également que les interventions non chirurgicales, notamment l'exercice physique et les thérapies physiques telles que la thérapie manipulative de la colonne vertébrale et les massages, sont plus efficaces.

Approche holistique

"Le traitement de la lombalgie chronique nécessite une approche intégrée et centrée sur la personne. Cela signifie qu'il faut tenir compte de la situation unique de chaque personne et des facteurs susceptibles d'influencer son expérience de la douleur", explique le Dr Anshu Banerjee, directeur à l'OMS du département Santé de la mère, du nouveau-né, de l'enfant, de l'adolescent et du vieillissement.

"Nous utilisons ces lignes directrices comme un outil pour soutenir une approche holistique des soins de la lombalgie chronique et pour améliorer la qualité, la sécurité et la disponibilité des soins."

Les nouvelles "directives de l'OMS arrivent un jour en retard, mais mieux vaut tard que jamais", explique à TRT Afrika le Dr Hamisi Kote Ali, chiropracteur et physiothérapeute.

"Le médecin moderne a abandonné les bases traditionnelles de la médecine, à savoir être un enseignant pour son patient et procéder à un examen physique détaillé au-delà des signes et symptômes du jour", déplore le Dr Hamisi.

Il insiste sur le fait qu'il est essentiel d'examiner en profondeur les antécédents du patient, depuis son enfance, afin de trouver la cause profonde de la douleur. Les médecins peuvent ainsi élaborer des plans de prise en charge adaptés à leurs patients.

Les lignes directrices de l'OMS soulignent que les soins doivent être adaptés à l'ensemble des facteurs (physiques, psychologiques et sociaux) susceptibles d'influencer la lombalgie primaire chronique d'un patient.

"Une série d'interventions peut être nécessaire pour traiter de manière holistique la lombalgie chronique primaire d'une personne, plutôt que des interventions isolées", indique l'OMS.

Principale cause d'invalidité

La lombalgie est une affection courante que la plupart des gens connaissent à un moment ou à un autre de leur vie et une cause majeure d'invalidité dans le monde.

L'OMS conseille aux médecins de veiller au bien-être physique et psychologique de leurs patients. Photo Reuters

Les données de l'OMS indiquent qu'en 2020, environ une personne sur 13, soit 619 millions de personnes, souffrira de lombalgie. Cela représente une augmentation de 60 % par rapport à 1990.

La lombalgie affecte la qualité de vie et est associée à d'autres maladies et à des risques de mortalité plus élevés. La douleur persistante réduit la capacité d'une personne à participer aux activités familiales, sociales et professionnelles.

Cela peut avoir des conséquences négatives sur leur santé mentale et entraîner des coûts substantiels pour les familles, les communautés et les systèmes de santé.

Les personnes souffrant de lombalgie chronique, en particulier les personnes âgées, sont plus susceptibles de connaître la pauvreté, de quitter prématurément le marché du travail et d'avoir moins d'économies pour leur retraite.

L'OMS note que la prise en charge de la lombalgie chronique chez les personnes âgées peut faciliter le vieillissement en bonne santé, de sorte que les personnes âgées aient la capacité fonctionnelle de maintenir leur propre bien-être.

Une douleur qui ne peut être ignorée

La lombalgie primaire chronique est une douleur qui dure plus de trois mois et qui n'est pas due à une maladie sous-jacente ou à une autre affection.

L'OMS affirme qu'elle représente au moins 90 % des cas de lombalgie chronique en soins primaires et a donc publié des lignes directrices pour sa prise en charge.

Les nouvelles lignes directrices exigent que les pays renforcent et transforment leurs systèmes et services de santé afin de rendre les interventions recommandées disponibles, accessibles et acceptables dans le cadre d'une couverture sanitaire universelle.

"Pour parvenir à une couverture sanitaire universelle, la question des lombalgies ne peut être ignorée, car il s'agit de la principale cause d'invalidité dans le monde", déclare Bruce Aylward, sous-directeur général de l'OMS chargé de la couverture sanitaire universelle.

"Les pays peuvent s'attaquer à ce problème omniprésent mais souvent négligé en intégrant des interventions clés et réalisables, tout en renforçant leurs approches des soins de santé primaires", ajoute le Dr Aylward, qui est également médecin.

Selon les lignes directrices, il est également essentiel d'interrompre la mise en œuvre systématique des interventions qui ne sont pas efficaces.

"Si nous agissons ainsi, nous pourrons travailler et jouer lorsque nous serons au crépuscule de notre vie, car notre mobilité et nos fonctions cognitives resteront intactes", explique le Dr Hamisi à TRT Afrika.

TRT Afrika