Par Dayo Yussuf
Garissa, dans le nord-est du Kenya, est l'un des endroits les plus chauds du pays, avec des températures atteignant parfois 40 degrés Celsius. Le paysage est un mélange sec de terrains plats et montagneux.
Le potentiel agricole de la région est énorme, les habitants se consacrant à l'agriculture et à l'élevage.
Les conducteurs doivent constamment céder le passage à des milliers de chameaux, de bovins et de chèvres qui traversent les routes sous la conduite des bergers locaux.
Batula Ali Abdullah est l'un de ces chauffeurs. En tant que femme ambulancière, Batula rompt avec la tradition dans un corps de métier dominé par les hommes.
À environ 10 km de la route, à l'est, se trouve le camp de Hagadera. Il s'agit d'un grand camp de réfugiés qui accueille plus de 100 000 personnes et dont le nombre augmente de jour en jour.
Les personnes qui s'abritent dans ce camp, vieux de plusieurs décennies ,sont des personnes chassées de leur communauté par de graves sécheresses ou par l'insécurité, principalement des femmes et des enfants.
Batula fait généralement la navette entre le camp et l'hôpital général de Garissa, fournissant des services d'urgence indispensables aux patients à haut risque.
Sauver des vies
''Je suis chauffeur depuis près de 15 ans. J'ai travaillé comme chauffeur pour le ministère des travaux publics, mais depuis 2019, j'ai commencé à travailler comme chauffeur d'ambulance", explique Batula à TRT Afrika.
Batula est la seule femme ambulancière de la région et depuis son premier transport d'urgence en 209, elle n'a jamais regardé en arrière. ''J'ai trouvé ma vocation ici'' dit-elle. "Je suis très heureuse de voir que je contribue à apporter aux gens l'aide d'urgence dont ils ont besoin. J'ai porté des femmes qui étaient sur le point de se vider de leur sang. Je les ai emmenées d'urgence à l'hôpital et elles ont été sauvées", ajoute-t-elle.
Batula ne s'était jamais imaginée dans ce type de profession. Mais au cours des quatre dernières années, elle s'est retrouvée au cœur de l'action.
Batula conduit parfois 15 patients différents par jour. Elle est fière de l'importance de sa contribution pour sauver des personnes dans des situations désespérées.
''J'ai aidé des femmes à accoucher et à couper le cordon ombilical. Cela m'a fait chaud au cœur. Je me suis sentie tellement utile", raconte-t-elle avec un sentiment de satisfaction.
Les femmes sont heureuses
Batula a maintenant l'ambition d'approfondir ses compétences médicales en suivant une formation complémentaire. ''Je pense suivre une formation d'infirmière ou de sage-femme. Je pense qu'il y a quelque chose de spécial dans le fait d'aider à mettre quelqu'un au monde. C'est très satisfaisant", ajoute-t-elle.
L'histoire de Batula a fait le tour du Kenya et de certaines régions de la Somalie voisine. Elle affirme que beaucoup de femmes sont heureuses et plus à l'aise lorsqu'elle est aux commandes.
''Les femmes d'origine somalienne sont généralement très timides lorsque les hommes s'occupent d'elles. Lorsque je suis là et que je peux les aider, elles sont très heureuses. Parfois, elles me réclament", explique-t-elle à TRT Afrika.
Certains estiment que cette situation met en évidence la nécessité d'augmenter le nombre de femmes dans les professions médicales et les services d'urgence. ''Je souhaite voir plus de femmes et de filles dans cette profession. Elles peuvent le faire", dit Batula.
Surmonter les défis
Batula inspire les jeunes filles de la région, suscitant l'espoir d'augmenter le nombre de femmes ambulancières et médecins.
''Lorsque les petites filles me voient 'voler si vite' dans une ambulance, sirènes allumées, elles m'encouragent. Elles me demandent si elles peuvent, elles aussi, devenir ambulancières comme moi", dit-elle.
Le chemin vers l'acceptation d'une femme ambulancière n'a cependant pas toujours été facile. Batula Ali Abdullah raconte qu'au début, elle s'est heurtée à la résistance de certains membres de sa famille et de la communauté, qui pensaient qu'elle dépassait les bornes.
''Au début, ils ne comprenaient pas. Mais maintenant, ils sont très contents de moi. Ils sont fiers de mon travail.'' explique Batula.
Le métier d'ambulancier exige un engagement total et demande beaucoup de temps, parfois en raison d'appels à des heures irrégulières pour répondre aux urgences selon Batula Ali Abdullah, quı estime que c'est l'un des défis à relever.
Cependant, elle ajoute que cela l'encourage au lieu d'être un obstacle. Elle pense qu'en plus de la satisfaction qu'elle retire de son travail, de nombreuses personnes dépendent d'elle pour obtenir des soins et de l'inspiration.