Si l'on en croit l'agence AFP, Il existe deux circuits pour la fabrication et la distribution du pain en Tunisie: le premier, formé de 3.737 magasins, bénéficie de farine subventionnée fournie par l'Etat, le deuxième est celui des "boulangeries modernes" (1.500 à 2.000 commerces libres) qui avaient droit, jusqu'à début août, à un quota limité de farine subventionnée.
Mohamed Bouanane, président de la Chambre nationale des propriétaires de boulangeries, a été interpellé mercredi "pour des soupçons de monopole et de spéculation avec des denrées alimentaires subventionnées et des soupçons de blanchiment d'argent", selon les médias.
A noter que de longues queues se forment depuis des mois, lors des deux fournées quotidiennes, devant les boulangeries du circuit semi-étatique, vendant la baguette subventionnée à 190 millièmes (0,06 centimes d'euros), un prix dérisoire inchangé depuis 1984.
Le 1er août, le gouvernement a privé le réseau des "boulangeries modernes" de ses quotas de farine subventionnée, déviés vers le réseau semi-étatique.
Après une grève et un sit-in le 7 août, les boulangeries modernes, qui vendent d'autres types de pains et des pâtisseries et qui pour certaines ont dû fermer faute de farine subventionnée, ont entamé des négociations avec le ministère du Commerce.
Redoutant une révolte populaire dans un pays qui a connu en 1983/84 des émeutes du pain (plus de 150 morts), le président Kais Saied a limogé sans explications en début de semaine le directeur de l'Office public des céréales.
Selon plusieurs économistes consultés par l'AFP, cette "crise du pain" s'explique en réalité par une insuffisance d'approvisionnement du marché en farine subventionnée par l'Etat.
Dans une économie bâtie sur les bas salaires (le salaire minimum est de 480 dinars, soit 140 euros), l'Etat centralise depuis les années 70 les achats de produits de base pour les réinjecter sur le marché à bas prix.
Très endettée (80% du PIB), la Tunisie est à court de liquidités et les fournisseurs veulent être payés à l'avance, ce qui l'oblige à étaler ses approvisionnements, selon les experts.
Selon le journal Echaab News, rattaché à la centrale syndicale UGTT, 8 navires chargés de céréales attendent en rade de Sfax (centre-est) depuis deux semaines que leur contenu soit payé pour le décharger.