Les exportateurs ont déclaré à Reuters que la contrebande de cacao de la Côte d'Ivoire vers la Guinée prenait des proportions inquiétantes, estimant que quelque 50 000 tonnes métriques - d'une valeur d'environ 573 millions de dollars aux prix mondiaux actuels - avaient été transportées illégalement entre octobre et décembre.
Les prix du cacao ayant plus que doublé l'année dernière, les contrebandiers sont encore plus motivés.
Des sources ont déclaré à Reuters que un kilo de cacao ivoirien passé en contrebande à la frontière rapportait 5 000 francs CFA (7,95 dollars) alors que le prix fixe payé par la Côte d'Ivoire aux producteurs est 1 800 francs CFA en septembre.
Une fois en Guinée, le cacao ivoirien est exporté vers des pays asiatiques tels que l'Indonésie et la Malaisie, selon les exportateurs.
Risque de ne pas avoir les volumes nécessaires
"À cause de la corruption, la contrebande de cacao s'accélère et nous risquons de ne pas avoir les volumes dont nous avons besoin pour remplir nos contrats", a indiqué le directeur d'une société d'exportation européenne basée à Abidjan, la capitale commerciale de la Côte d'Ivoire.
"Nos fournisseurs préfèrent la contrebande, qui est beaucoup plus rentable, et je les comprends", a affirmé le directeur d'une autre société d'exportation basée à Abidjan.
Les prix du cacao ont atteint le niveau record de 12 931 dollars par tonne métrique à New York en décembre, en raison des prévisions de mauvaises récoltes pour une quatrième saison consécutive de la part des principaux producteurs que sont la Côte d'Ivoire et le Ghana.
Le gouvernement ivoirien a annoncé en octobre de nouvelles mesures visant à dissuader les contrebandiers, notamment la confiscation du produit de toute infraction, le retrait des passeports et la suspension des permis de conduire.
Une source du Conseil du café et du cacao (CCC), l'organisme de régulation du secteur, ajoute que le pays cherchait d'autres moyens de lutter contre la contrebande.