Un tribunal tunisien a condamné vendredi par contumace l'ancien président Moncef Marzouki à huit ans de prison pour atteinte à la sûreté de l'État et incitation des Tunisiens les uns contre les autres, a indiqué un responsable judiciaire.
Il s'agit de la deuxième peine de prison prononcée à l'encontre de M. Marzouki, qui réside à Paris, après qu'un juge l'a condamné en 2021 à quatre ans de prison par contumace.
Mohamed Zitouna, porte-parole du tribunal de Tunis, a déclaré que le verdict était fondé sur des déclarations de M. Marzouki qui incluaient l'incitation dans un discours qu'il a prononcé à Paris, sans donner plus de détails.
M. Marzouki, qui a été président de 2011 à 2014, est un fervent critique du président Kais Saied.
M. Saied a fermé le Parlement, limogé le gouvernement et commencé à gouverner par décret en 2021, une mesure que M. Marzouki et les principaux dirigeants de l'opposition ont qualifiée de coup d'État.
Le président tunisien, qui a consacré ses nouveaux pouvoirs constitutionnels lors d'un référendum en 2022, a nié que ses actions constituaient un coup d'État et a déclaré qu'elles étaient nécessaires pour sauver la Tunisie d'années de chaos.
Complot contre la sécurité de l'Etat
La plupart des chefs de l'opposition ont été arrêtés depuis l'année dernière, notamment Rached Ghannouchi, le chef du parti islamiste Ennahda, et Abir Moussi, le leader de la Libre Constitution.
L'année dernière, les autorités ont également arrêté des personnalités de l'opposition, Jawher Ben Mbarek, Khayam Turki, Ghazi Chaouachi, Issam Chabbi, Abdelhamid Jalasi et Ridha Belhaj, dans le cadre d'une opération de répression, car elles étaient soupçonnées de comploter contre la sécurité de l'État.
L'opposition accuse M. Saied de museler la presse et d'imposer un régime autoritaire, et affirme que ses changements constitutionnels ont mis à mal la démocratie construite après la révolution de 2011.
M. Saied rejette ces accusations et a qualifié ses détracteurs de criminels, de traîtres et de terroristes, et a averti que tout juge qui les libérerait serait considéré comme leur complice.