Tunisie : l’UGTT dénonce l’absence de réponse du gouvernement à la reprise des négociations. Photo : AA

L’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a dénoncé l’absence de réponse du gouvernement à la reprise des négociations liées à l’augmentation des salaires des fonctionnaires, malgré un accord préalable conclu en ce sens.

C'est ce qui ressort d'un discours prononcé par le secrétaire général du syndicat (le plus grand du pays), Noureddine Taboubi, lors de l'ouverture de la conférence de l'Université générale de l'enseignement secondaire (le syndicat des enseignants) dans la ville de Hammamet, au sud-est de la capitale Tunis, selon une vidéo publiée par l'UGTT.

Le 15 septembre 2022, le syndicat et le gouvernement sont parvenus à un accord pour augmenter les salaires des employés de l'État de 3,5 %. Depuis lors, le syndicat a appelé à plusieurs reprises à tenir de nouveaux tours de négociations avec le gouvernement, mais ce dernier n'a émis aucune réponse à ce propos, selon le secrétaire général.

Taboubi a déclaré : "Nous sommes convenus avec le gouvernement (à l'époque) de réévaluer en mai dernier les accords conclus (en septembre 2022), car les accords ont été conclus dans certaines circonstances, mais la réunion n'a pas eu lieu".

"Aujourd'hui, quelqu’un a manigancé le gel du dialogue social", a ajouté Taboubi, faisant référence aux négociations sur les conditions de vie, car le syndicat considère que le pouvoir d'achat s'est encore détérioré et que les salaires doivent être renégociés.

"Le président de la République (Kaïs Saïed) affirme que les accords et procès-verbaux des réunions avec les syndicats ne sont pas au-dessus de la loi... Les accords ont été conclus après le 25 juillet 2021", a expliqué le secrétaire général de l’UGTT, indiquant que les accords avaient été conclus après la mise en place des mesures d’exception imposées par Saïed.

Le 25 juillet 2021, le président Saïed a imposé des mesures d’exception, stipulant notamment la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature et du Parlement, l'adoption de lois par décret présidentiel, l'approbation d'une nouvelle Constitution par référendum et la tenue d'élections législatives anticipées, qui ont d’ailleurs été boycottées par l'opposition.

Taboubi s'est adressé aux syndicalistes, les exhortant à défendre leurs intérêts, en déclarant que "Nous sommes aux côtés de chaque secteur syndical qui se considère capable de mener une lutte civile, structurée, organisée, réussie, et appliquant ses décisions de manière démocratique".

Pour l’heure, les autorités tunisiennes n’ont encore émis aucun commentaire concernant les déclarations de Taboubi.

La Tunisie subit une crise économique et financière dont la gravité a été exacerbée par les répercussions de la pandémie de coronavirus et de la guerre en Ukraine, qui vient s’ajouter à l’instabilité politique que connaît le pays depuis l’imposition des mesures d’exception du président tunisien.

Au mois d’août dernier, l'Institut national des statistiques en Tunisie a déclaré que l'inflation annuelle dans le pays avait atteint les 9,3 %, en hausse par rapport au taux de 9,1 % relevé au mois de juillet.

TRT Afrika et agences