Le président tunisien Kais Saied. Photo : Reuters

Le président tunisien Kais Saied a décidé jeudi de proroger l'état d'urgence dans le pays jusqu'à la fin de cette année.

C'est ce qui ressort d'un décret présidentiel publié jeudi dans le "Journal officiel" de Tunisie.

"L'état d'urgence sera prorogé sur l'ensemble de la République tunisienne du 31 janvier 2025 au 31 décembre 2025", peut-on lire dans le décret présidentiel.

En décembre dernier, Saied avait décidé de prolonger d'un mois l'état d'urgence dans le pays, jusqu'à fin janvier 2025.

L'état d'urgence confère au ministère de l'Intérieur des pouvoirs exceptionnels, notamment l'interdiction des rassemblements, l'instauration de couvre-feux, la perquisition des magasins, la surveillance de la presse, des émissions radio et des représentations cinématographiques et théâtrales.

Ces pouvoirs sont exercés sans autorisation préalable du pouvoir judiciaire, ce qui suscite de plus en plus de critiques en matière de droits humains aux niveaux local et international.

À la suite d'un incident terroriste, les autorités tunisiennes ont déclaré l'état d'urgence le 24 novembre 2015, puis l'ont prolongé à plusieurs reprises pour différentes périodes, la dernière étant comprise entre le 31 janvier et le 31 décembre 2024.

Les formations de l’opposition politique en Tunisie expriment leurs craintes d’utiliser à mauvais escient l’état d’urgence contre ceux qui rejettent les mesures exceptionnelles que Saied avait décidé d'imposer le 25 juillet 2021, créant ainsi une crise politique persistante.

Ces mesures comprennent la dissolution du Conseil de la magistrature et du Parlement, l’adoption de lois par décrets présidentiels, l'approbation d'une nouvelle constitution par référendum populaire et la tenue d'élections législatives anticipées.

Certaines tendances tunisiennes considèrent ces mesures comme "une consolidation du pouvoir individuel absolu", tandis que d’autres forces soutenant Saied les considèrent comme "un réajustement du processus révolutionnaire de 2011" qui avait renversé le président de l’époque, Zine El Abidine Ben Ali (1987-2011).

Quant à Saied, qui a entamé en octobre dernier un second mandat présidentiel de cinq ans, il a jugé ses mesures "nécessaires et légales" pour sauver l’État d’un "effondrement total".

AA