Un soldat de l'armée tunisienne se tient à côté d'une urne qui a été livrée à un bureau de vote à l'Ariana près de Tunis, un jour avant l'élection présidentielle, le 5 octobre 2024./ Photo: AFP

La Tunisie tient des élections présidentielles dimanche, sans opposition forte face au président sortant Kais Saied, largement pressenti pour l'emporter. Ses principaux détracteurs, y compris un candidat clé, sont derrière les barreaux.

Le pays d'Afrique du Nord s'est enorgueilli pendant plus d'une décennie d'être le berceau des soulèvements du printemps arabe.

Les bureaux de vote ouvrent à 8h00 (0700 GMT) et ferment à 18h00 (1700 GMT). Les résultats préliminaires devraient être connus au plus tard mercredi, mais pourraient l'être plus tôt, selon l'ISIE, le conseil électoral.

Dans la période précédant le jour du scrutin, il n'y a pas eu de rassemblements de campagne ou de débats publics et presque toutes les affiches de campagne dans les rues de la ville ont été celles de Saied.

Avec peu de perspectives de changement dans un pays enlisé dans la crise économique, l'humeur d'une grande partie de l'électorat est à la résignation.

Critiques emprisonnés

"Nous n'avons rien à voir avec la politique", a déclaré à l'agence de presse AFP à Tunis Mohamed, un jeune homme de 22 ans qui n'a donné que son prénom par crainte de représailles. Ni lui ni ses amis n'ont l'intention de voter.

Après avoir accédé au pouvoir par un raz-de-marée en 2019, M. Saied, aujourd'hui âgé de 66 ans, a dirigé la réécriture de la constitution du pays.

À l'approche des élections de dimanche, on pense qu'il bénéficie du soutien des classes populaires. Toutefois, un certain nombre de ses détracteurs ont été emprisonnés, ce qui a suscité des critiques dans le pays et à l'étranger.

Parmi les personnalités de l'opposition emprisonnées figure Rached Ghannouchi, chef du parti d'opposition Ennahdha, qui a dominé la vie politique après la révolution.

Abir Moussi, chef du parti Destourien libre, est également détenu. Ses détracteurs l'accusent de vouloir rétablir le régime qui a été renversé en 2011.

Une participation massive

Selon l'ISIE, environ 9,7 millions de personnes devraient se rendre aux urnes, mais la quasi-certitude d'une victoire de M. Saied et les difficultés croissantes du pays ont suscité peu ou pas d'empressement à voter.

L'ancien législateur Zouhair Maghzaoui, qui a soutenu Saied lors des changements constitutionnels de 2021, et Ayachi Zammel, un homme d'affaires peu connu qui est en prison depuis que sa candidature a été approuvée par l'ISIE le mois dernier, s'opposent à Saied.

Dans un discours prononcé jeudi, M. Saied a appelé à une "participation massive au scrutin" et à l'ouverture de ce qu'il a appelé une ère de "reconstruction".

Il a évoqué "une longue guerre contre les forces conspiratrices liées à des cercles étrangers", les accusant d'avoir "infiltré de nombreux services publics et perturbé des centaines de projets" sous son mandat.

AFP