L’Assemblée nationale au Togo a entamé, lundi, une tournée d'information et d'écoute des populations en réponse à la demande du chef de l’Etat Faure Gnassingbé de procéder à une relecture de la nouvelle loi constitutionnelle suite à un dialogue.
Dans un programme diffusé à travers les réseaux sociaux, on note que des équipes de députés sont envoyées en mission d’explication et de consultations durant trois jours à travers les 39 préfectures du Togo.
Ces députés doivent rencontrer et discuter avec des chefs traditionnels et des groupes organisés à l’instar d’organisations de jeunes et de femmes pour recueillir leurs avis sur la nouvelle Constitution qui consacre le passage du Togo vers la 5e République depuis la nuit du 25 au 26 mars, avec un changement de régime.
"Avec cette nouvelle Constitution, le président du Conseil (élu par le Parlement en remplacement du Premier ministre, NDLR) qui est nanti de pouvoirs clairs, viendra rendre compte à la représentation nationale que sont les députés, donc indirectement, les citoyens pourront effectivement avoir des comptes de la gestion de la vie quotidienne de la vie publique", a expliqué le député Anaté Kouméalo, membre de la délégation qui était à Tchamba (378 km de Lomé) et dont les propos ont été relayés par les médias locaux.
"Ils sont venus nous dire que la nouvelle Constitution a été votée par tous les députés. Donc nous avons compris qu’il y a eu consensus autour de la révision. Si on doit réviser la Constitution pour qu’on puisse améliorer les choses, je ne vois pas pourquoi nous n’allons pas y adhérer. Maintenant que nous avons compris, nous approuvons la nouvelle Constitution ", a indiqué pour sa part un chef traditionnel ayant participé à la rencontre de Tchamba, dont les propos en vidéo ont été diffusés dans les réseaux sociaux.
Les députés à l’Assemblée nationale togolaise avaient décidé, dans la nuit du 25 mars, que désormais, le Togo évoluerait sous un régime parlementaire en votant pour la nouvelle Constitution (89 pour, un contre et une abstention). Ce vote a suscité une vague de contestation aussi bien dans les rangs de l’opposition qu'au sein de la société civile.
Quatre partis de l’opposition et une organisation de la société civile ont même appelé à des manifestations populaires les 11, 12 et 13 avril courant à Lomé contre " la réécriture d’une nouvelle Constitution par une Assemblée nationale dont le mandat a expiré". La conférence des évêques du Togo a également appelé le Président togolais à refuser de promulguer cette Constitution.
- "Le changement d’une Constitution passe par un référendum"
L’un des opposants les plus farouches à cette démarche du pouvoir est Nathaniel Olympio, président du Parti des Togolais et porte-parole de la plateforme "Ne touche pas à ma Constitution".
Joint par Anadolu, ce dernier qualifie de " ruse" la démarche des députés du pouvoir actuellement en tournée.
"Ils ont engagé une ruse qui ne marchera pas", a estimé Nathaniel Olympio, notant que "le changement d’une Constitution passe par un référendum".
"Quand on parle de consulter la population, il s’agit de créer un débat. Demander l’avis de la population. Ce qu’ils sont en train de faire ne s’appelle pas consulter le peuple. Le changement d’une Constitution passe par un référendum où le peuple est vraiment consulté après qu’on lui ait expliqué de quoi il s’agit. A l’heure actuelle, combien de Togolais connaissent ce qu’on appelle un régime parlementaire", s’est-il interrogé au micro d'Anadolu.
Pour Olympio, le débat sur l’opportunité de changer de régime ne doit pas se faire dans les salles, et dans les hôtels. "Il doit se faire dans les quartiers, dans les familles, sur les médias aussi longtemps qu’il le faut".
"Nous allons continuer de combattre cette manière de faire jusqu’à ce que nous soyons entendus", a conclu le Président du Parti des Togolais.
A noter que ce lundi, alors que son parti "Le Nouvel Engagement Togolais" avait participé au vote du 25, le député Gerry Taama, président de ce parti et président du groupe parlementaire NET-PDP à l’Assemblée nationale a annoncé que son parti boycottait cette tournée. Il avait déjà affirmé que les résultats du vote secret de la nuit du 25 mars ne reflétaient pas l’expression de ses députés.
Taama a appelé le Président Faure Gnassingbé à "faire abandonner cette tentative de changement de la Constitution par sa majorité parlementaire et à continuer l’expérimentation de la Constitution modifiée le 15 mai 2019".