Par Firmain Eric Mbadinga
Alors que le mystère sur les intentions de l'actuel président sénégalais au sujet de la présidentielle de 2024 a plané lourdement pendant les 3 dernières années, les choses semblent plus lisibles désormais, voire plus cohérentes de l'avis de certains analystes politiques, depuis le 3 juillet dernier.
La tension est retombée au Sénégal, même si les actes posés et les discours prononcés par le président Sall restent toujours aussi scrutés, le dernier discours en date étant celui prononcé le 7 novembre devant les Forces Armées Sénégalaises.
Pour le Dr Romaric Badoussi, spécialiste de la CEDEAO et de la gouvernance démocratique, en faisant ces adieux aux forces armées sénégalaises en qualité de président de la République le 7 novembre, Macky Sall a été cohérent avec son discours.
''Les actes qui ont suivi montrent une certaine cohérence du présent Macky Sall avec sa propre déclaration du 3 juillet 2023. Ces adieux aux forces armées sont donc une suite logique '', soutient le docteur en science politique et relations internationales.
En effet, au camp Dial-Diop de Dakar, alors qu'il présidait la cérémonie officielle de la Journée des Forces armées sénégalaises, le président Sall a tenu un discours qui sonne comme un revoir.
"En tant que chef suprême des armées, j’ai partagé avec vous, pendant plus d’une décennie, ma vision, ma passion de servir notre pays et l’ambition de le doter d’un outil de défense performant, à la hauteur des défis", a déclaré le chef de l’État sénégalais.
‘’L’année prochaine, mon successeur sera là, devant vous, pour assurer la continuité de l’État, de la nation et de la République. En chef suprême des armées, en vertu de la Constitution, il vous commandera et vous lui obéirez’’,
"L’année prochaine, mon successeur sera là, devant vous, pour assurer la continuité de l’État, de la nation et de la République. En chef suprême des armées, en vertu de la Constitution, il vous commandera et vous lui obéirez", a poursuivi Macky Sall.
Le Dr Romaric Badoussi, pense qu'à ce stade, plus rien ne devrait amener quiconque à avoir des doutes ou des réserves sur la sincérité et l'objectivité du processus engagé par Macky Sall. Pour l'analyste, après le scrutin de 2024, une nouvelle personnalité présidera aux destinées du "pays de la Teranga'' (hospitalité).
''Le parti de Macky Sall a désigné l'actuel Premier ministre (Amadou Ba) comme candidat à la prochaine présidentielle, ce dernier est même déjà en campagne''. Ce discours devant les forces armées manifeste "davantage sa volonté de quitter le pouvoir effectivement après ces deux mandats'' explique le Dr Badoussi.
Pour le Dr, spécialiste de la CEDEAO, il est fondé de penser que Macky Sall ne reviendra pas sur sa décision.
''De toute façon, le contexte socio-politique au Sénégal ne se prête pas à un revirement de situation (...) Au Sénégal, la situation demeure plus ou moins crispée avec entre autres le sujet de la candidature de l'opposant Ousmane Sonko" note-t-il.
"Pour l'instant les passions sont un peu tues, mais elles sont toujours latentes. Ce dernier tient toujours à être candidat. Dans une atmosphère déjà volatile, une maladresse, une imprudence du président Macky Sall pourrait mettre le feu aux poudres et je pense que ce dernier en est conscient'', conclut le Dr Badoussi.
Birame Souleye Diop, député de l'opposition et proche d'Ousmane Sonko avait été inculpé le 11 juillet pour des propos qu'il avait tenus sur le président Macky Sall après le discours de 3 juillet.
Lors d'une conférence de presse, Birame Souleye Diop avait laissé entendre que le président Sall pourrait revenir sur son annonce.
Dans des commentaires pour lesquels il s'est excusé par la suite, Birame Souleye Diop avait lancé un "avertissement" aux futurs candidats du parti de Macky Sall.
"Évitez de manger chez lui, évitez de boire son eau, il est capable de vous empoisonner et de vous dire : 'Comme nous n'avons plus de candidat, je reviens", avait déclaré Birame Souleye Diop qui a retrouvé sa liberté le 19 juillet.