Mark Bristow, directeur général de Barrick Gold, s'exprime lors d'une interview à la conférence Investing in African Mining Indaba au Cap, en Afrique du Sud, le 5 février 2019. (Photo: Reuters)

Le mandat visant Mark Bristow pour "blanchiment de capitaux" a été signé cette semaine en plein litige entre l'État malien et la société, dans un contexte de pression accrue exercée sur les compagnies minières et aurifères étrangères par le gouvernement malien.

Quatre employés maliens de Barrick Gold ont été inculpés et placés en détention fin novembre.

Le mandat d'arrêt contre Mark Bristow, également inculpé, est national. Bristow, Sud-Africain, n'est pas présumé se trouver au Mali.

Le juge a délivré le même jour un autre mandat d'arrêt contre le directeur général malien du complexe de Loulo-Gounkoto, Cheikh Abass Coulibaly, pour les mêmes faits présumés, a-t-on appris des mêmes sources.

Barrick Gold détient 80% et l'État malien 20% des deux sociétés propriétaires du complexe souterrain et à ciel ouvert de Loulo-Gounkoto, dans l'ouest du Mali.

Les faits précis reprochés à Barrick Gold ne sont pas connus. Le contentieux touche à "la part des bénéfices économiques générés par le complexe et revenant à l'État", indiquait la société fin novembre dans un communiqué.

Les militaires qui ont pris le pouvoir par la force en 2020 ont fait officiellement de la lutte contre la corruption et de la restauration de la souveraineté nationale sur les ressources naturelles leurs mantras. Ils accordent une attention toute particulière aux revenus juteux de l'industrie minière.

Le Mali, l'un des pays les plus pauvres au monde, par ailleurs confronté au terrorisme et à une crise multidimensionnelle, est aussi l'un des premiers producteurs d'or en Afrique. L'or contribue à un quart du budget national et trois quarts des recettes d'exportation.

Augmentation des parts de l'Etat

La pression exercée sur les compagnies étrangères a coïncidé avec le pivot stratégique opéré par le régime militaire en direction de la Russie.

Le gouvernement malien a annoncé mercredi soir une série de décrets consacrant une augmentation de la part de l'État dans différents programmes d'exploitation d'or et de lithium, métal servant à la confection de batteries et enjeu stratégique de l'effort global de transition énergétique.

L'État prend 30% et des acteurs privés maliens 5% des mines de lithium de Bougouni (sud) et de Goulamina (sud) devant être exploitées respectivement par les Britanniques de Kodal Minerals et les Chinois de Ganfeng Lithium, ainsi que du projet sur le gisement d'or de Korali-Sud (ouest, objet d'un accord de développement avec les Canadiens d'Allied Gold), dit un communiqué du conseil des ministres.

L'État prend par ailleurs une participation de 20% au capital de la mine d'or de Nampala (sud, exploitée par les Canadiens de Robex).

Ces prises de participation ont été rendues possibles par l'adoption en 2023 d'un nouveau code minier et la révision consécutive des conventions minières existantes, dit le conseil des ministres. L'État a conclu de nouveaux accords avec les compagnies concernées, "pour un meilleur partage de la rente minière", dit le conseil des ministres.

AFP