Mogadiscio a qualifié l'incident de "comportement scandaleux" et réclamé une enquête approfondie à l'Union africaine (UA), organisation regroupant 55 pays africains basée à Addis Abeba, la capitale éthiopienne.
Mais l'Ethiopie a assuré que M. Mohamoud avait été chaleureusement accueilli et que la délégation somalienne avait été bloquée lor sque son escouade de sécurité a voulu entrer dans le complexe de l'UA avec des armes.
Cet incident survient alors que la Somalie dénonce un accord récemment conclu par l'Ethiopie avec la région séparatiste du Somaliland, que Mogadiscio juge "illégal". Ce "protocole d'accord" signé le 1er janvier prévoit la location pour 50 ans à l'Ethiopie, jusque-là enclavée, de 20 km de côtes du Somaliland sur le golfe d'Aden.
Les autorités somalilandaises ont affirmé qu'en échange de cet accès à la mer, l'Ethiopie allait devenir le premier pays à les reconnaître officiellement, ce qu'aucun pays n'a fait depuis que ce petit territoire de 4,5 millions d'habitants a unilatéralement proclamé son indépendance de la Somalie en 1991. Addis Abeba n'a pas confirmé ce point.
M. Mohamoud a qualifié les actions de l'Ethiopie - son traitement samedi, et l'accord avec le Somaliland signé en janvier - de "provocation".
"Ce matin alors que je me préparais à venir pour assister à la session à huis clos du sommet, la sécurité éthiopienne m'a bloqué le passage", a déclaré M. Mohamoud à la presse à Addis Abeba. Il a fini par réussir à accéder à la salle du sommet.
Il a déclaré avoir essayé d'accéder au sommet avec un autre chef d'Etat, le président de Djibouti Ismaïl Omar Guelleh, mais qu'ils ont également été empêchés d'entrer au siège de l'UA.
"Un soldat armé se tenait devant nous et nous a empêchés d'accéder au complexe", selon M. Mohamoud.
L'Ethiopie a rapidement répliqué en donnant une autre version des événements, disant avoir "chaleureusement accueilli" M. Mohamoud et lui avoir accordé tous les honneurs dûs aux chefs d'Etat et de gouvernement.
Billene Seyou, une porte-parole du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, a déclaré à l'AFP que la déléga tion somalienne, qui a refusé une escorte proposée par l'Ethiopie, a été bloquée lorsque son escouade de sécurité a tenté d'entrer au siège de l'UA avec des armes.
"En tant que pays hôte, le gouvernement d'Ethiopie est responsable de la sécurité de tous les chef d'Etat et de gouvernement tant qu'ils sont dans le pays", a expliqué Mme Seyou.
"La sécurité de la délégation somalienne a tenté d'entrer dans le complexe de l'UA avec des armes, elle a été bloquée par la sécurité de l'UA", selon Mme Seyou.
Le ministère somalien des Affaires étrangères a déclaré dans un communiqué que le gouvernement somalien "condamne fermement la tentative provocatrice du gouvernement éthiopien d'empêcher la délégation du président somalien d'assister au sommet 2024 de l'Union africaine à Addis Abeba".
Il a demandé à l'UA de mener une "enquête crédible et indépendante sur ce comportement scandaleux", qui selon le ministère somalien viole tous les protocoles diplomatiques.
Pour la Somalie, le protocole d'accord signé par le Somaliland et l'Ethiopie le 1er janvier est une violation de sa souveraineté et de son intégrité territoriale.
L'Ethiopie, deuxième pays le plus peup lé d'Afrique et un des plus grands au monde à ne pas avoir d'accès à la mer, était enclavée depuis la sécession de l'Erythrée, qui avait déclaré son indépendance en 1993 après trois décennies de guerre.
Addis Abeba avait accès à un port érythréen jusqu'à ce que les deux pays entrent en guerre entre 1998 et 2000. Depuis, l'Ethiopie envoie l'essentiel de son fret maritime à Djibouti.
Le Somaliland est en grande partie stable, tandis que la Somalie est en proie à la guerre civile depuis des décennies et subit les attaques des shebabs, des insurgés islamistes liés à Al-Qaïda.