La Libye tire l'essentiel de ses revenus de ses ressources pétrolières, dont la production se situe principalement dans l'est du pays. Photo : Reuters

La Libye a nommé un nouveau gouverneur pour la banque centrale, dans le cadre d'un accord soutenu par les Nations unies pour résoudre un conflit entre les administrations rivales du pays qui a réduit de moitié la production de pétrole.

Depuis le mois d'août, les tensions et les violences se sont multipliées autour de la banque centrale de la Libye, pays riche en pétrole, divisé entre un gouvernement reconnu par les Nations unies à l'ouest et un pouvoir rival à l'est.

Ces tensions ont poussé le gouverneur Seddik al-Kabir à fuir le pays.

Après des pourparlers facilités par les Nations unies, les administrations rivales ont signé jeudi un accord pour nommer un nouveau gouverneur de la banque centrale.

Voté à l'unanimité

En vertu de cet accord, 108 membres du parlement, basé dans l'est de la Libye, ont voté à l'unanimité pour nommer Naji Issa comme nouveau chef de la banque, avec Miree al-Barasee comme vice-gouverneur, a déclaré le parlement dans un communiqué.

Il a ajouté que la nouvelle direction nommerait un conseil d'administration dans les dix jours.

L'autre signataire de l'accord est le Haut Conseil d'État - qui fait office de sénat - basé dans la capitale Tripoli, dans l'ouest du pays, siège du gouvernement reconnu par les Nations unies et dirigé par le Premier ministre Abdulhamid Dbeibah.

La Libye se remet difficilement d'années de conflit après le soulèvement de 2011, soutenu par l'OTAN, qui a renversé le dirigeant de longue date Mouammar Kadhafi.

Des étapes positives

Le pays reste divisé entre l'administration de Dbeibah et l'autorité rivale de l'est, soutenue par le dirigeant militaire Khalifa Haftar.

Dans un message publié sur les réseaux sociaux, Dbeibah a indiqué que le vote faisait partie des "mesures positives qui ont corrigé la situation à la Banque centrale de Libye et qui ont permis de créer une institution professionnelle indépendante pour tous les Libyens".

Début août, un groupe d'hommes, dont certains étaient armés, a assiégé le bâtiment de la banque centrale pour exiger le départ de Kabir, que des responsables proches de Dbeibah avaient critiqué pour sa gestion de la banque et des fonds de l'État.

Il a par la suite déclaré au Financial Times qu'il avait fui la Libye.

Suspension des opérations

Le 18 août, la banque centrale a annoncé la suspension de toutes ses opérations à la suite de l'enlèvement de son chef des technologies de l'information, qui a finalement été libéré.

Quelques jours plus tard, l'administration basée dans l'est du pays a accusé un "groupe hors-la-loi" proche du gouvernement de Dbeibah d'avoir pris le contrôle de la banque par la force et a ensuite annoncé qu'elle suspendait les opérations sur les champs pétroliers et les terminaux dans les zones sous son contrôle.

Selon la Compagnie nationale de pétrole, la production de brut a ainsi été réduite de près de moitié, la production journalière tombant à environ 600 000 barils.

La plupart des revenus de la Libye proviennent de ses ressources pétrolières, la production du pays se situant principalement dans l'est du pays.

Intérêts fractionnels

La production est récemment revenue à 1,2 million de barils par jour, alors qu'elle se situait entre 1,5 et 1,6 million de barils par jour sous Kadhafi.

S'exprimant lors de la cérémonie de signature jeudi, Stephanie Koury, chef par intérim de la Mission de soutien des Nations unies en Libye (UNSMIL), a appelé à un rétablissement complet de la production pétrolière.

"Il est de la plus haute importance que toutes les parties préservent les ressources et les institutions souveraines de la Libye et les maintiennent hors du cercle des conflits politiques et des intérêts des factions", a-t-elle ajouté.

AFP