Un bateau transportant des dizaines de migrants tentant de rejoindre l'Europe a chaviré au large de la Libye, faisant plus de 60 morts, dont des femmes et des enfants, a indiqué l'agence des Nations Unies pour les migrations.
Le naufrage de samedi est la dernière tragédie en date dans cette partie de la mer Méditerranée, un itinéraire clé, mais dangereux pour les migrants en quête d'une vie meilleure en Europe.
Des milliers de personnes y sont mortes cette année, selon les autorités libyennes.L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a indiqué dans un communiqué que le bateau transportait 86 migrants lorsque de fortes vagues l'ont submergé au large de la ville de Zuwara, sur la côte occidentale de la Libye, et que 61 migrants se sont noyés, selon les survivants.
Une route migratoire dangereuse
"La Méditerranée centrale reste l'une des routes migratoires les plus dangereuses au monde", a écrit l'agence sur la plateforme de médias sociaux X, anciennement connue sous le nom de Twitter.
Ces dernières années, la Libye est devenue le principal point de transit pour les migrants fuyant la guerre et la pauvreté en Afrique et au Moyen-Orient, même si ce pays d'Afrique du Nord a sombré dans le chaos à la suite d'un soulèvement soutenu par l'OTAN qui a renversé et tué le dirigeant de longue date Mouammar Kadhafi en 2011.
Plus de 2 250 personnes sont mortes sur la route de l'Europe centrale cette année, selon Flavio Di Giacomo, porte-parole de l'OIM.
Au moins 940 migrants meurent en 2023
Selon le projet de l'OIM sur les migrants disparus, au moins 940 migrants ont été déclarés morts et 1 248 portés disparus au large de la Libye entre le 1ᵉʳ janvier et le 18 novembre.Le projet, qui suit les mouvements migratoires, a indiqué qu'environ 14 900 migrants, dont plus de 1 000 femmes et plus de 530 enfants, ont été interceptés et renvoyés en Libye cette année.
En 2022, le projet a fait état de 529 morts et de 848 disparus au large de la Libye. Plus de 24 600 personnes ont été interceptées et renvoyées en Libye. Ces dernières années, les trafiquants d'êtres humains ont profité du chaos qui règne en Libye pour faire passer clandestinement des migrants à travers les longues frontières du pays, qu'il partage avec six nations.
Les migrants sont entassés sur des embarcations mal équipées, notamment des canots pneumatiques, et partent pour des voyages en mer risqués.
Les abus
Ceux qui sont interceptés et renvoyés en Libye sont détenus dans des centres de détention gérés par le gouvernement, où les abus sont légion : travail forcé, coups, viols et torture, des pratiques qui constituent des crimes contre l'humanité, selon les enquêteurs de la Commission des Nations unies.
Ces abus s'accompagnent souvent de tentatives d'extorsion de fonds auprès des familles des personnes détenues, avant que les migrants emprisonnés ne soient autorisés à quitter la Libye sur les bateaux des trafiquants à destination de l'Europe.