Le capitaine Moussa Dadis Camara/image autre

L'ancien chef du régime militaire, 58 ans, a été condamné mercredi à 20 ans de prison pour crimes contre l'humanité à l'issue du procès historique d'un massacre commis en 2009 sous sa présidence. Son ancien aide de camp, Aboubacar Diakité dit « Toumba », écope de 10 ans. Il est lui aussi condamné pour crimes contre l'humanité.

Le tribunal présidé par Ibrahima Sory II Tounkara a condamné six autres accusés à des peines s'élevant jusqu'à la prison à perpétuité.

Dadis Camara a plaidé non coupable jusqu'au dernier jour.

Il était pourtant président ce 28 septembre 2009 et les jours suivants quand les Bérets rouges de sa garde, des soldats, des policiers et des miliciens ont assassiné dans un stade de Conakry et alentour des dizaines de personnes réunies pour le dissuader de se présenter à la présidentielle prévue en janvier 2010. Des dizaines de femmes y ont été violées.

Détenu à Conakry depuis septembre 2022, sa trajectoire avait connu un soubresaut de plus début novembre lorsqu'un commando armé l'avait sorti de prison, sans qu'apparaisse clairement s'il s'était évadé ou avait été extrait de force. Il avait ensuite été repris.

Le capitaine Camara et un groupe d'officiers s'étaient emparés du pouvoir le 23 décembre 2008 après l'annonce de la mort du président Lansana Conté.

Dans le sillage du massacre du stade, le 3 décembre, son aide de camp lui tire dans la tête parce qu'il aurait tenté de faire peser toutes les charges sur lui. Il est évacué vers le Maroc puis le Burkina Faso où, en janvier 2010, sur médiation ouest-africaine, il renonce à gouverner.

En exil, forcé à l'abstinence politique, il se convertit au christianisme. Il annonce sa candidature à la présidentielle de 2015 mais est rattrapé la même année par le 28-Septembre, inculpé et empêché de se présenter.

Il rentre en septembre 2022 pour le procès. Il entend "dire (sa) part de vérité". Il connaît l'avanie d'être incarcéré.

En décembre 2022, dix semaines après l'ouverture du procès, il est appelé à déposer.

Il nie toute responsabilité, crie au complot et refuse de demander pardon.

AFP