Par Idrissa Cissé
TRT Afrika, Conakry-Guinée
La Haute autorité de la communication (HAC) de Guinée a adressé, samedi, une lettre au groupe français Canal+, lui demandant de retirer les chaînes de télévision privées Espace TV et Evasion de ses bouquets, deux jours après une mesure similaire ayant visé Djoma TV et FIM FM.
La HAC évoque des "raisons de sécurité nationale". Le syndicat de la presse privée locale dénonce "une atteinte à la liberté d’expression", plusieurs ayant dénoncé depuis quelques jours le brouillage de leurs fréquences.
Le porte-parole du gouvernement de transition, Ousmane Gaoual Diallo, invite les hommes de médias aux respects de la déontologie.
"A la prise des responsabilités le 05 Septembre, nous avons découvert que la presse guinéenne dans sa quasi-totalité était une presse surendettée avec une situation d’incapacité de payer les dettes de l’État. Des décisions ont été prises pour, à la fois, réduire les dettes mais aussi échelonner les parties restantes pour permettre aux entreprises de presse de faire face. (…) Lorsqu’on fait ça c’est parce qu’on croit à la liberté de la presse", a déclaré M. Diallo, par ailleurs ministre guinéen des télécommunications.
"Cette liberté de la presse nous voulons qu’elle soit responsable et qu’elle tienne compte du contexte de notre pays, de la fragilité et de la situation. Oui à la liberté de la presse mais oui à la responsabilité des journalistes et des acteurs de la presse. Il faut qu’ils s’assument et nous nous assumeront et nous veillerons à ce que personne ne vienne exacerber les tensions ethniques et communautaires dans notre pays", a –t-il ajouté.
Le responsable du gouvernement guinéen estime que ceux qui "agissent dans ce registre-là ne font pas de la presse ils font de la propagande c’est de la subversion et c’est extrêmement grave pour le pays".
Le porte-parole du gouvernement dénonce également le non-respect des cahiers de charges par certains médias, assurant que le gouvernement va mettre de l’ordre dans ce secteur.
Respect des procédures
Le secrétaire général de la presse privée de Guinée, Sékou Jamal Pendessa, a appelé vendredi les hommes de médias à se mobiliser pour barrer la route "aux prédateurs de la liberté de la presse", annonçant une série d’actions la semaine prochaine dont une journée sans presse le lundi 11 décembre.
M. Pendessa promet que la liberté de la presse, "acquise de haute lutte, ne sera pas bafouée en Guinée". "Nous irons à la haute autorité de la communication pour dire que nous ne sommes pas contents de sa façon de traiter les dossiers liés à la presse", a –t-il ajouté.
Kalil Oularé, directeur général de Djoma Média invite la Haute autorité de la communication à respecter les procédures, soulignant que "jamais la direction de Djoma n’a été saisie par une notification. Jusqu’à présent rien".
"On a entendu ici des journalistes tenir des propos qui sont de nature à exacerber les tensions communautaires. La paix sociale est menacée par certains médias en Guinée et il faut que ça s’arrête", a martelé le porte-parole du gouvernement.
"Les journalistes doivent savoir qu’ils sont tout d’abord des citoyens. Ils doivent œuvrer pour la promotion de la paix. Ils ne doivent pas véhiculer des discours de haine", a conclu M. Diallo.