Le Pentagone a annoncé, lundi, avoir rapatrié Ridah Bin Saleh al Yazidi, 59 ans, l’un des premiers prisonniers envoyés au centre de détention militaire de Guantánamo Bay, à Cuba, le jour de son ouverture, le 11 janvier 2002. Jamais poursuivi devant un tribunal, il avait été approuvé pour un transfert depuis plus de dix ans, sans que celui-ci ne soit concrétisé.
Yazidi a passé des années à Guantánamo, victime de blocages diplomatiques qui empêchaient son rapatriement ou son rétablissement ailleurs.
Il a finalement été évacué lors d'une opération secrète achevée 11 mois après que le ministère américain de la Défense a informé le Congrès de la conclusion d’un accord avec la Tunisie. Aucun détail n’a été communiqué sur les mesures de sécurité entourant son retour.
Ce transfert est le quatrième en deux semaines, marquant une accélération des efforts pour réduire la population carcérale de Guantánamo, qui comptait encore 40 détenus à l’arrivée du président Biden au pouvoir. Avec le départ de Yazidi, il ne reste plus que 26 prisonniers, dont 14 approuvés pour un transfert à condition de garanties diplomatiques et sécuritaires.
Cependant, neuf autres prisonniers, inculpés ou condamnés pour crimes de guerre, rendent impossible la fermeture complète de Guantánamo, un objectif fixé par Barack Obama mais jamais réalisé.
Yazidi était le dernier des douze Tunisiens initialement détenus à Guantánamo, la plupart capturés en Afghanistan ou au Pakistan, après les attentats du 11 septembre. Son transfert marque la fin d’une époque pour ce groupe particulier.
Avec le départ de Yazidi, seul Ali Hamza al-Bahlul, condamné à perpétuité pour avoir prétendument “conspiré en vue de crimes de guerre en tant que conseiller médiatique d’Oussama Ben Laden”, reste parmi les 20 premiers détenus de Guantánamo.
Un rapport de 2007, divulgué à la presse, révèle que Yazidi avait été capturé par les forces pakistanaises près de la frontière afghane en décembre 2001, aux côtés d’un groupe de 30 hommes soupçonnés d’avoir fui la bataille de Tora Bora.
En 2010, un groupe de travail de l'administration Obama l’avait classé parmi les prisonniers éligibles à un transfert, faute de preuves suffisantes pour le poursuivre en justice.
Malgré cette décision, des obstacles diplomatiques ont retardé son départ pendant des années.