Le consul honoraire de France à Kribi au Cameroun, Abdul Kader Ghandour a démissionné mercredi de son poste. Il annoncé qu’il jetait l’éponge dans un audio partagé par l’activiste suisse d’origine camerounaise, Nathalie Yamb sur X, ex-Twitter.
Abdul Kader Ghandour occupait ce poste depuis 2015. En annonçant sa démission, il marque son désaccord avec la politique d’Emmanuel Macron dans le traitement du conflit israélo-palestinien.
"Je ne peux absolument pas comme les règles consulaires me l’imposent, cautionner, défendre et accepter les positions françaises concernant le conflit qui se passe actuellement en Palestine occupée. Soutenir de cette façon aveugle l’Etat d’Israël qui est occupant", a dit le désormais ex-représentant de la France.
M. Ghandour futige le double jeu de Paris face à ce conflit qui dure depuis des décennies.
"Ne l’oublions pas, la France a voté toutes les résolutions de l’ONU condamnant Israël et lui demandant de se retirer des territoires occupés. Mais quand je vois ce comportement de la France, comportement à géométrie variable, deux poids, deux mesures. (Il y a un) aveuglement totale dans le suivisme de la politique israélienne en quasiment traitant les Palestiniens comme des animaux humains, comme l’a dit le chef d’Etat-major de l’armée israélienne".
Le diplomate rappelle que son devoir est de ne pas critiquer les positions du pays qu’il je représente mais il dit refuser de garder le silence aux atrocités auxquelles on assiste depuis quelques jours.
"Je ne peux me taire vis-à-vis de ça. Je veux être tranquille avec ma conscience et conforme à mes principes. J’ai un vécu historique. Israël a occupé le sud du Liban pendant 12 ans. J’ai perdu 12 amis, proches, copains ou connaissances dans la lutte de résistance contre Israël. J’assume un devoir de mémoire et loyauté historique et contextuel. Je ne peux absolument pas dormir en paix en représentant un Etat avec les positions que la France actuelle a prises", a expliqué M. Ghandour.
La France, qui soutient activement et politiquement Israël depuis le début de la guerre, a interdit l’ensemble des manifestations pro-palestiniennes dans le pays, les qualifiant de "pro-Hamas".
Emmanuel Macron a qualifié le groupe palestinien de "mouvement terroriste", accusant le Hamas de chercher "avant tout la destruction et la mort d’Israël".
"Nous sommes liés à Israël par la douleur du deuil. À cette heure, 13 de nos compatriotes sont morts lors des attaques. 17 compatriotes, enfants et adultes, sont portés disparus, sans doute pour certains d’entre eux retenus en otage. Nous ferons tout pour qu’ils soient libérés", a-t-il promis.