Le leader du coup d'État qui a renversé cette semaine le président du Gabon, Ali Bongo, a déclaré vendredi qu'il voulait éviter de se précipiter vers des élections qui "répètent les erreurs du passé", alors que la pression monte sur la junte pour qu'elle rende le pouvoir à un gouvernement civil.
Les militaires dirigés par le général Brice Oligui Nguema ont pris le pouvoir mercredi, quelques minutes après l'annonce de l'obtention d'un troisième mandat par M. Bongo à l'issue des élections.
Les officiers ont assigné M. Bongo à résidence et installé M. Nguema à la tête de l'État, mettant ainsi fin à 56 ans de pouvoir de la famille Bongo.
Le coup d'État - le huitième en trois ans en Afrique occidentale et centrale - a attiré des foules en liesse dans les rues de la capitale, Libreville, mais a été condamné à l'étranger et dans le pays.
M. Nguema a déclaré dans une allocution télévisée vendredi soir que la junte procéderait "rapidement mais sûrement", mais qu'elle éviterait les élections qui "répètent les mêmes erreurs" en maintenant les mêmes personnes au pouvoir.
"Aller le plus vite possible ne signifie pas organiser des élections ad hoc, où l'on se retrouvera avec les mêmes erreurs", a-t-il déclaré.
Rendre le pouvoir aux civils
La Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC) a exhorté ses partenaires, en particulier les Nations unies et l'Union africaine, à soutenir un retour rapide à l'ordre constitutionnel, dans un communiqué publié à l'issue d'une réunion extraordinaire qui s'est tenue jeudi. Elle a indiqué qu'elle se réunirait à nouveau lundi.
Le principal groupe d'opposition du Gabon, Alternance 2023, qui affirme être le vainqueur légitime de l'élection de samedi, a exhorté vendredi la communauté internationale à encourager la junte à rendre le pouvoir aux civils.
La porte-parole du leader d'Alternance 2023, Alexandra Pangha, s'est dite "heureuse" que les militaires aient mis un terme au règne d'Ali Bongo, mais elle leur a demandé de rendre le pouvoir aux civils, jugeant l'intronisation du général Nguéma, lundi, "absurde".