Vingt-six Ougandais ont intenté une action en justice à Paris contre le géant pétrolier français TotalEnergies afin d'obtenir des réparations pour des violations présumées des droits de l'homme dans le cadre de ses mégaprojets dans le pays.
L'entreprise est accusée de ne pas avoir protégé les populations et l'environnement dans le cadre de l'exploitation pétrolière de Tilenga et de l'oléoduc East African Crude Oil Pipeline (EACOP), d'une valeur de 3,5 milliards de dollars.
Rejoints par cinq groupes d'aide ougandais et français, les habitants des communautés touchées affirment que la société d'énergie a causé de "graves préjudices", notamment en ce qui concerne leurs droits à la terre et à l'alimentation.
"Ce que nous demandons au tribunal, c'est de reconnaître la responsabilité civile de Total et de condamner l'entreprise à indemniser les personnes affectées par les violations", a déclaré mardi Juliette Renaud, porte-parole des Amis de la Terre France.
Des réserves protégées
Le projet Tilenga prévoit l'exploration de 419 puits de pétrole, dont un tiers dans le plus grand parc national d'Ouganda, les chutes de Murchison. L'EACOP est un oléoduc de 1 500 kilomètres qui acheminerait du pétrole brut vers la côte tanzanienne en traversant plusieurs réserves naturelles protégées.
L'action en justice s'appuie sur une loi française de 2017 relative au "devoir de vigilance", qui oblige les grandes entreprises à identifier les risques liés à leurs activités mondiales et à leurs chaînes d'approvisionnement, et à détailler les stratégies visant à les prévenir.
"TotalEnergies considère que son plan de vigilance est mis en œuvre de manière efficace et s'est assuré que ses filiales en Ouganda et en Tanzanie ont appliqué les plans d'action appropriés afin de respecter les droits des communautés locales et la biodiversité", a déclaré l'entreprise dans un commentaire envoyé par courriel.
Les protestations
Les Amis de la Terre et quatre associations ougandaises ont échoué en 2019 dans leur tentative de forcer TotalEnergies à mettre fin aux projets Tilenga et EACOP devant un tribunal français. Des militants de la lutte contre le changement climatique ont aspergé de peinture le siège britannique du géant pétrolier TotalEnergies au sujet de l'oléoduc controversé en Ouganda.
En effet des sympathisants de l'organisation militante Just Stop Oil ont pulvérisé de la peinture noire dans le hall d'entrée du siège de l'entreprise dans le quartier de Canary Wharf à Londres ce mardi, tandis que d'autres ont utilisé de la peinture orange à l'extérieur, a indiqué le groupe de protestation.
Des dizaines d'étudiants d'un groupe de pression opposé à la construction de l'EACOP se sont également massés devant le bâtiment pendant l'action en signe de soutien, a ajouté le groupe.