Les conflits entre l'homme et l'animal sont fréquents au Zimbabwe. Photo : AWF

Par Kudra Maliro

Les responsables de la protection de la faune au nord du Cameroun tentent de reprendre le contôle d'un troupeau d'éléphants en maraude qui s'est aventuré dans les villages environnants, piétinant à mort au moins deux personnes.

TRT Afrika a pu parler à Adamou Aboubakar, agent de développement communautaire au sein d’African Wildlife Foundation qui explique que cette invasion des éléphants est dû à "une forte dynamique des personnes autour du parc national de Waza menaçant la sécurité des animaux".

"L’armée camerounaise avait érigée des tranchées autour du parc national de Waza pour lutter contre les militants de Boko Haram.

Ce qui a bloqué les corridors des éléphants et des autres animaux du parc. "C’était presque impossible pour les éléphants de rentrer dans leurs milieux naturels" précise M. Aboubakar.

Les efforts de conservation ont permis d'augmenter la population des éléphants au cours des dernières années.

Mais la perte de leur habitat au profit des plantations et des villages fait que les animaux s'aventurent parfois dans les agglomérations urbaines, piétinant les cultures et les habitations et chargeant parfois les gens.

"Le problème est que l’armée camerounaise continue à traquer les Boko Haram dans cette région, alors c’est difficile pour les éléphants de se mouvoir comme auparavant".

"Alors ils créent des nouveaux corridors qui les mènent dans des zones urbaines où ils font des dégâts comme par exemple ces deux personnes tuées à Maroua" regrette M. Aboubakar.

Jean Nyemeg, responsable des forêts et de la faune, a déclaré que des éléphants avaient piétiné à mort un enfant cette semaine dans un village proche de Maroua, la capitale de la région de l'Extrême-Nord du Cameroun.

Les quatre éléphants ont ensuite fait deux incursions à Maroua également.

"Les éléphants se sont déplacés à la recherche d'eau en raison de la nature aride de la région", a déclaré M. Nyemeg, ajoutant que le troupeau a été repéré pour la première fois près de la frontière avec le Tchad.

Des images partagées sur les réseaux sociaux montrent des gens se dispersant et prenant des vidéos avec leurs téléphones alors que le troupeau erre sur les routes goudronnées.

Des gardes forestiers à pied ont tenté de les attirer dans un parc national situé à environ 120 kilomètres de Maroua, a indiqué M. Nyemeg.

Le maire adjoint du quartier voisin de Kalfou, Oumarou Tamboutou, a déclaré que les éléphants avaient tué un homme la semaine dernière.

Le ministère des forêts et de la faune a déclaré dans un communiqué que les animaux étaient en train de migrer vers le parc national de Waza lorsqu'une foule de spectateurs inconscients du danger a bloqué la route.

Des éléphants désorientés ont tué une personne, nommée Bintou, dans la localité de Balda, a indiqué le ministère, qui a demandé aux habitants de ne pas s'approcher des animaux car ils continuaient à se diriger vers le parc national.

Les associations de protection de la faune et de la flore au Cameroun cherchent à résoudre le conflit entre les éléphants et les humains, qui a donné lieu à des manifestations dans les rues par le passé, et à prévenir le braconnage.

Les sécheresses liées au changement climatique ont exacerbé les tensions, car les éléphants assoiffés sont plus susceptibles d'empiéter sur les villages et les villes.

M. Aboubakar condamne aussi l’exploitation du charbon près du parc national de Waza qui bloque le passage aux éléphants.

Il affirme qu' African Wildlife Foundation a un projet de "créer des marres alimentés avec panneaux solaires pour que ces éléphants trouvent de l’eau facilement malgré la sècheresse"

TRT Afrika